SÉANCE DU 30 THERMIDOR AN II (17 AOÛT 1794) - N° 1 169 impérissable sur lequel seront gravés en traits de feu, d’un côté votre dévouement pour la patrie qui éternisera envers vous la reconnois-sance des générations, de l’autre le foudroye-ment du nouveau tyran et des siens pour en éterniser et la haine et l’horreur. Pour nous, en qui ces sentiments ont déjà pénétré jusqu’au fond de nos cœurs, pour nous dont rien ne peut ternir la joye civique que nous inspire votre victoire, si ce n’est le regret d’être trop loin pour pouvoir dans des pareils dangers aller vous faire un rempart de nos corps, il est un vœu cher à nos cœurs dont l’accomplissement pourroit en quelque sorte nous rendre cette privation moins sensible. Daignés, repré-sentans vertueux, en agréer l’homage. C’est qu’à l’exemple du peuple romain, le peuple français s’honore en invitant solemnellement ses libérateurs d’accepter le titre auguste et si bien mérité de pères, de sauveurs de la patrie. Et qu’il nous soit permis de lui en ouvrir le moyen en offrant à ses vœux déjà manifestés un point de ralliement dans cette motion universelle. Vive la République, vive la Convention, périssent tous les accapareurs de l’opinion publique, sous quelque masque qu’ils se présentent ! Saurine ( présid .), Pagès ( secrét . ), Cantou ( se - crét.), Deleung (secrét.). P [Les administrateurs et l’agent nat. du distr. de Pamiers, à la Conu.; Pamiers, 19 therm. II] (1) Représentans du peuple français, Au moment où, fidèle à nos drapeaux, la victoire plane majestueusement sur toutes nos frontières, des lâches conjurés avaient conçu le détestable projet d’usurper une domination tyrannique et de nous faire perdre en un jour le fruit de 5 ans de traveaux et de sacrifices consacrés à l’affermissement de la liberté. Un homme astucieusement populaire qui faisait retentir sans cesse la tribune nationale de l’éloge fastidieux de sa probité et de ses vertus, un nouveau Catilina marchait à leur tête. Il avait su capter par ses hypocrites déclamations l’empire de l’opinion publique; encore un instant, et il consomme ses projets parricides; tout est préparé, les victimes sont désignées, il ne faut que frapper; déjà... mais le complot est éventé, et l’immortel orateur romain revit dans nos législateurs; sa mâle et énergique éloquence passe dans toutes les bouches; la vertueuse indignation qu’il fit éclater contre l’ennemi de la liberté romaine, ils la déployent contre l’usurpateur des droits du peuple français et à l’instant ce même Capitole, trop longtemps témoin de son indigne triomphe, se change pour lui en roche Tarpéyenne. Elle aura aussi sa place dans l’histoire, la journée du 9 thermidor, à côté de celle du 10 aoust. Non moins glorieuse pour les généreuses sections de Paris, non moins frappante, non (1) C 313, pl. 1252, p. 40. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl l). moins épouvantable pour les traîtres, elle apprendra à tous les ambitieux qui seroient tentés de marcher désormais sur les traces des monstres que vous avez si justement frappés que, si le peuple peut être un instant séduit par les apparences de la vertu, le jour où ses yeux sont dessillés est celui de sa vengeance et de leur anéantissement. Elle apprendra à ces méprisables tyrans qui nourrissent encore dans leur cœur l’espoir insensé de nous donner un maître que, si le destin pouvoit nous réduire jamais à cet excès d’ignominie et d’avillissement, le despotisme n’élèveroit son trône que sur des monceaux de cadavres et de ruines. Patrie, égalité, liberté, voilà le vœu du peuple français. Mort aux tirans et aux traîtres, voilà ses sentimens : Vive la République, vive la Convention, voilà son cri unanime. Ce cri ce vœu, ces sentimens sont ceux des administrateurs rénégérés (sic) du district de Pamiers. Toujours ralliés à la représentation nationale, ils brigueront l’honneur de lui faire un rempart de leurs corps et de porter les premiers coups au scélérat qui oseroit tenter encore d’envahir la souveraineté du peuple. Dortel (présid.), V. Boullé (secrét.-gal), Tancel (agent nat.) et 5 autres signatures. Q [La sté popul. de Belvédère (1), à la Conv.; s.d. ] (2) Législateurs, Nous venons de faire partir un cavalier armé et équipé à nos frais : il va participer aux succès de nos armées. Continuez vos glorieux travaux. Pour nous, nous ne violerons pas nos sermens, nous vivrons libres. Citoyens représentans, En vous annonçant que nous venons de faire partir un cavalier jacobin armé et équipé à nos frais pour participer aux succès de nos armées, nous vous faisons part de notre horreur pour toutes les factions qui ont cherché à détruire la liberté et nous applaudissons à l’énergie avec laquelle vous les avez successivement terrassées. Aux brissotins et girondins ont succédé les Dantons, les Lacroix, les Héberts etc.; des généraux traîtres livroient nos armées, des conspirateurs cherchoient à avilir et à dissoudre la représentation nationnale; sur les ruines du fanatisme s’élevoit le monstre hideux de l’athéisme. Au milieu de tant d’orages et de crimes, fermes au haut de la montagne, vous avez lancé la foudre sur toutes les têtes coupables. A la trahison vous avez fait succéder l’amour de la patrie, le triomphe de nos armées, à la corruption la vertu, à l’athéisme l’hommage solemnel rendu à l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme, (1) District de Charolles, Saône-et-Loire. (2) C 316, pl. 1269, p. 23. Mentionné par B‘n, 3 fruct. (suppl1).