SÉANCE DU 5 FRIMAIRE AN III (25 NOVEMBRE 1794) - N°8 19-20 163 Citoyens représentans, Vous vouléz le bonheur de la France : votre proclamation du 18 vendémiaire nous confirme dans cette opinion, et arrache cet assentiment à tous les cœurs vraiment patriotes, contrissés de l’oppression où le système tyrannique de Robespierre les avoit réduits. Vous avéz courageusement repousser ses forfaits : ses chers enfans subissoient après sa chute; mais votre adresse au peuple français les replonge dans le néant d’où ils n’ont été tirés que pour l’horreur de l’humanité, et pour rehausser l’éclat de votre attachement au peuple souverain dont vous méritéz de plus en plus la confiance. Vous êtes faits pour faire jaillir la lumière dans le sein de l’obscurité : et sans ce flambeau que deviendrions nous, et que deviendroit la République. Sous le voile du patriotisme, les intrigans, les ambitieux, les égoïstes, les satellites du despotisme, les conspirateurs, enfin, vou-droient porter le coup fatal à la République dans son berceau ; mais vous savéz déjouer leurs complots, faire tomber le masque, et nous les montrer tels qu’ils sont, des scélérats. L’énergie populaire, concentrée par la terreur, qui n’auroit jamais dû être à l’ordre du jour à l’égard des vrais républicains, a été forcée au silence, n’étant plus permis, sans être suspect, de proférer à haute voix les doux accens de Vive la Convention. Tel était le dégré d’avilissement, où quelques individus corrupteurs, avoient plongé la majorité des amis de la liberté, des loix et du bon ordre. Ne vous y trompéz pas, citoyens représentans, ce n’étoit point la généralité du peuple qui vouloit l’anarchie : trois ou quatre meneurs arrogans suf-fisoient dans chaque section, dans chaque corps constitué, pour corrompre la masse et porter les citoyens à soupirer après l’antique esclavage, plus supportable qu’une liberté qui asservit tout, tant cette idole étoit défigurée. Vous sentéz mieux que nous les funestes conséquences de ces agitateurs modernes et forcenés ; le salut de la patrie est entre vos mains. Heureux les peuples, qui profitant de vos leçons, sauront distinguer le vrai d’avec le faux, portât-il même l’apparence du vrai. Pour nous mettre à l’abri de toute supercherie, nous le jurons, nous n’aurons jamais d’autre point de ralliement que le centre commun (la Convention). Elle est notre ouvrage, nous la soutiendrons, nos jours lui sont consacrés : elle saura défendre à son tour et faire valoir nos droits contre les ennemis du dedans et du dehors. Lavaux, maire, Escladines, Bordie, Laffage, Leurs, Castanie, Blauiniou, Gelsit, officiers municipaux, Faure, secrétaire provisoire et 11 signatures de notables. 19 Les citoyens composant la société populaire de Porentrui, département du Mont-Terrible, félicitent la Convention sur son décret qui frappe le scélérat Robespierre. Ils l’invitent à frapper ses complices, qui profanent le titre du patriote en commettant des forfaits sans nombre. Ils la conjurent de rester à son poste, et à maintenir le gouvernement qu’elle a donné au peuple français. Mention honorable, insertion au bulletin (61). [La société populaire de Porrentruy à la Convention nationale, Porrentruy, s.d.] (62) Mandataires d’un peuple libre et qui a juré de l’être jusqu’à la mort, Vous avez frappé, dans sa marche audacieuse, le scélérat hypocrite qui tout en chantant la liberté, forgeait des fers à la patrie. Frappez ses conjurés qui profanant le beau titre de patriote, ont commis tous les forfaits, et dont le pari extrême est, au moins, d’en couvrir les amis ardents de la République. Restez, nous vous en conjurons, restez à votre poste et maintenez le gouvernement révolutionnaire dans une énergique pureté, jusqu’à ce que les ennemis incorrigibles de l’intérieur, et ceux de l’extérieur soient vaincus et anéantis. Vive la République une et indivisible, vive la Convention. Guinani, président, Beck père, trésorier, Barthélémy, secrétaire et 17 autres signatures. 20 Les citoyens de la commune de Saint-Mihiel, département de la Meuse, réunis dans la salle de la société populaire, félicitent la Convention nationale sur les principes qui sont développés dans son Adresse au peuple français ; ils l’invitent à poursuivre avec vigueur les ennemis du peuple, en maintenant la justice pour tous ; à assurer le bonheur du peuple, comme nos armées en assurent la gloire. Ils témoignent de la satisfaction d’avoir possédé dans leurs murs le représentant du peuple Charles Delacroix. Mention honorable, insertion au bulletin (63). [Les citoyens de la commune de Saint-Mihiel à la Convention nationale, Saint-Mihiel, le 10 brumaire an III] (64) Citoyens représentans, Votre dernière adresse aux Français, a rempli les âmes de la plus douce satisfaction; ils ont (61) P.-V., L, 97. (62) C 328 (2), pl. 1455, p. 8. Bull., 7 frim. (suppl.). (63) P.-V., L, 97. (64) C 328 (2), pl. 1455, p. 9. Bull., 7 frim. (suppl.).