[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, i A iciïaaire anll 3 J ' (24 novembre 1793 venant de Sarre libre, le temps d’arriver à la hauteur et d’attaquer le même jour. Une «donne partie de Bliescastel est allée hier, sous les ordres du général Tapponier, occuper le poste ■de Horneback (Hornbacb); elle n’a trouvé aucun obstacle sur sa route, mais arrivée près d’ Horneback, l’ennemi a voulu lui disputer cette position que les braves soldats de la République ont emportée, malgré la résistance qu’ils ont •éprouvée; nous n’y avons perdu que peu de monde. « L’ennemi, qui occupait à gauche les hauteurs de Mittelback au-dessus de Deux-Ponts, pou¬ vant inquiéter les convois qui se rendaient à Horneback, l’on fit sortir hier au soir de Blies¬ castel cinq bataillons, une compagnie d’artillerie légère et de la cavalerie pour les repousser. Les ennemis les reçurent avec une grêle d’obus et de boulets auxquels nos braves soldats répon¬ daient par les cris de Vive la République ! Ce leu très vif dura jusqu’au moment où notre artillerie légère eût pris deux positions à droite et à gauche, et nous eûmes la satisfaction de voir nos batteries, par un feu croisé, faire sur-le-champ taire celui de l’ennemi qui s’enfuit avec précipitation, laissant des morts sur le •champ de bataille. « Il fut suivi avec la même célérité et se retira sur une position fort avantageuse, dé¬ fendue par 16 pièces d’artillerie en 4 batteries, derrière des retranchements. Il recommença de là un feu des plus vifs. Nous n’avions avec nous que deux pièces d’artillerie légère qui, néan¬ moins, lui répondirent pendant longtemps sans pouvoir espérer de faire taire un feu aussi supé¬ rieur. Ne pouvant les déloger de là, attendu qu’il était déjà tard, la partie fut remise à ce matin ; les troupes ont occupé pendant la nuit là première position d’où elles avaient chassé l’ennemi, et qui facilitait l’attaque projetée pour aujourd’hui des hauteurs de Deux -Ponts. « Le général Hoche est parti ce matin de Bliescastel avec sa colonne pour s’en emparer ; Pennerai les avait abandonnées pendant la nuit et nous sommes arrivés à Deux -Ponts sans avoir éprouvé le moindre obstacle. H est éton¬ nant que l’ennemi ait pu se décider à nous abandonner ainsi des positions aussi avanta¬ geuses qu’il eût pu, au moins, nous disputer longtemps. « La f acilité avec laquelle nous sommes entrés dans Deux-Ponts ne doit pas néanmoins être regardée comme un de ces événements heureux de la guerre dont le hasard dispose souvent, nous devons au général Hoche la justice de dire qu’elle est le résultat des différentes marches combinées de l’armée qu’il commande et de la sagesse de ses dispositions. « Le général Ambert, venu de Sarrelibre, et le général Vincent, venu de Sarrebruck, doi¬ vent attaquer ce matin Hambourg et le Carls-berg; le général Hoche attend avec la plus grande impatience les nouvelles de l’issue de eette attaque. Si nous en avons avant le départ de notre courrier, nous vous en ferons part. « Le besoin de purger l’armée nous a mis dans leur universel [n° 65 du 5 frimaire an II (lundi 25 no¬ vembre 1793), p. 264, col. 2]; Journal des Débats «I des Décrets (frimaire an I I, n° 432, p. 61) ; Aulard : Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut publie, t. 8, p. 612, , îe cas de prononcer beaucoup de suspensions ou de destitutions ; nous avons fait passer S votre comité tous nos arrêtés à cet égard; nous vous en adressons un que nous venons de prendre sur la demande du général, eontre plusieurs -offi¬ ciers, les uns absents de leur poste un jour d’affaire, d’autres qui, à l’aide d’un billet d’hô¬ pital, sont allés chez eux et ont ainsi désobéi à la loi qui défend tout congé. « Après avoir vu dans notre dernière lettre la signature de Lacoste, qui nous remplace, vous seriez peut-être surpris que nous n’ayons pas obéi au décret qui nous rappelle au sein de la Convention. Nous devons vous prévenir que Lacoste, venu à Bliescastel pour se concerter avec nous, en repartit quelques heures après pour se rendre à l’armée du Rhfh. Notre collègue Ehrmann étant toujours malade à Sarrebruck, nous pensons qu’il est de notre devoir de rester à cette armée. Nous nous félicitons de pouvoir être les compagnons de nos braves frères d’ armes ; la rapidité de leurs premiers succès nous en présage de plus brillants ; trop heureux de partager leurs travaux et leurs dangers, nous serons auprès de la France entière les inter¬ prètes de leur courage et de leur dévouement à la patrie (1). « P.-A. Soxjbrany; H. Richaud. » Arrêté (2). Les représentants du peuple près l’armée de la Moselle, Considérant que c’est surtout en faisant prompte justice des chefs qui s’écartent de leur devoir que l’on peut maintenir dans les armées le bon ordre et la discipline' si nécessaires pour leurs succès et pour l’honneur et le triomphe de la République ; Suspendent provisoirement de leurs fonctions les dénommés ci-après, sauf à plus forte peine s’il y a Heu, contre quelqu’un d’eux, après un plus ample informé : Les citoyens Royer, capitaine au 5e bataillon de la Meurthe, et Poisson, capitaine an 5e ba¬ taillon de la Meuse, pour s’être absentés de leurs postes pendant plusieurs jours au moment d’une action ; Le citoyen Gérard, capitaine au 3e bataillon de la Meuse, pour avoir aeheté des effets de femme, volés; Le citoyen Selle, capitaine an 14e régiment de dragons, pour s’être absenté le jour d’une action et être rentré ivre ; Le citoyen Giroux, sous-lieutenant au 4e ba¬ taillon de la Haute-Saône, pour avoir quitté son poste pendant quatre jours; Le citoyen Porcherot, lieutenant au 4e ba¬ taillon de la Haute-Saône, pour avoir quitté son poste pendant trois jours; Le citoyen Aubry, capitaine au 7® bataillon de la Meurthe, pour s’être absenté de son corps depuis plus d’un mois, à la faveur d’un billet (1) D’après le Journal de Perlel [n° 429 du 5 fri¬ maire an II (lundi 25 novembre 1793), p. 443, la lecture de cette lettre fut accueillie par de vifs applaudissements. (2) Archives nationales , carton C 283, dossier 797* 4 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j £ d’hôpital et qui, au lieu de s’y rendre, est allé chez lui pour assister aux couches de sa femme ; Le citoyen Mouchet, lieutenant au 7e ba¬ taillon de la Meurthe, pour s’être absenté depuis seize jours, à la faveur d’un billet d’hôpital, et d’avoir, avant de partir, déclaré à ses cama¬ rades qu’il allait chez lui; Le citoyen Valtrelot, lieutenant au 7e ba¬ taillon de la Meurthe, pour s’être absenté à la faveur d’un billet d’hôpital, pendant un mois qu’il a passé chez lui où il s’est fait donner un certificat du chirurgien qui n’atteste pas une maladie grave : ce citoyen rentré au corps le 26 brumaire sans en prévenir son chef, n’a re¬ joint son bataillon que le 30, ayant couché à Sarreguemines le jour de l’action; Le citoyen Valtron, sous-lieutenant au 7e ba¬ taillon de la Meurthe, pour être absent du ba¬ taillon depuis plus d’un mois avec un billet d’hôpital, et avoir été chez lui assister aux couches de sa femme; Le citoyen Étienne Georges, capitaine d’ar¬ tillerie, attaché au 103e régiment, pour n’avoir pas rallié sa compagnie lorsqu’elle était en fuite; . Arrêtent qu’il sera procédé aussitôt au rem¬ placement de ces officiers suivant le mode pres¬ crit par la loi. Fait au quartier général de l’armée de la Moselle, à Deux-Ponts, le 1er de frimaire, 2e année de la République française, une et indivisible. Signé : P. -A. Soubrany, H. Richaud. Pour copie conforme : Le secrétaire de la Commission, T. Maure. Le conseil général de la commune du Havre-Marat applaudit au décret qui a livré au glaive de la loi les mandataires infidèles qui, au lieu de servir leur patrie, Pont lâchement trahie et ont mis la liberté en péril, et la nouvelle Médicis dont les crimes appelaient depuis si longtemps la ven¬ geance nationale. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1) Suit la lettre de la municipalité provisoire du Havre (2). La municipalité provisoire du Havre, à la Con¬ vention nationale. « Havre-de-Marat, le 25 brumaire, l’an II de la République française une et indi¬ visible. « Citoyens, « Des mandataires du peuple, au heu de servir leur patrie, ont tenté de la perdre : votre énergie a su triompher de leurs efforts liberticides : vous les avez livrés aux tribunaux, ainsi que «P (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 66. (2) Archives nationales, carton C 284, dossier 819. cette nouvelle Médicis qui a fait le malheur des Français par son libertinage et ses dilapidations ; ils ont payé de leur tête leurs forfaits. « Le conseil général de la commune vous féli¬ cite de cet acte qui a pour base l’égahté. Son vœu vous est exprimé par une adresse dont nous vous transmettons copie. « Salut et fraternité, « Belot, maire; P. Louchet, officier muni¬ cipal; Perin, procureur de la commune. » Adresse (1). Le conseil général permanent de la commune du Havre-Marat, à la Convention nationale. « Citoyens, « Ceux mêmes qui étaient faits pour propa¬ ger la liberté sont devenus ses oppresseurs. Cês nouveaux Machiavel environnés de forfaits, loin de servir la cause du peuple, avaient formé un concordat sacrilège pour amonceler sur lui tous les malheurs : ils allaient consommer leurs trames dont les annales de la corruption ne fournissent point d’exemples, lorsque le civisme les a éclairés, c’est à toi, sainte Montagne, que la nation entière doit l’énergie brûlante que tu as développée dans les journées des 31 mai,. 1er et 2 juin. La patrie a triomphé des efforts, des attentats de ces mandataires infidèles, et le fer de la loi a frappé leur tête marquée du sceau du crime. « Le conseil général de la commune applaudit au décret qui a appesanti la vengeance natio¬ nale sur ces indignes agents de la chose publique et sur cette nouvelle Messaline qui eût dû payer de sa tête, il y a longtemps, les malheurs où elle a plongé le peuple français par ses débauches et ses déprédations. « Soutiens intrépides des droits de la nation, troupeau de sages, ô Convention ! tu viens de consolider d’une manière positive le principe de l’égalité; tu as appris que la masse du peuple est seule inviolable. « Périssent ainsi tous les traîtres, et que bientôt la liberté règne avec la paix sur la France régénérée ! « Nous vous félicitons, représentants du peuple, des efforts que vous faites tous les jours pour terrasser le fanatisme. « Vive la Bépublique, une et indivisible ou la mort ! « Arrêté en séance publique le 24 brumaire, l’an II de la République française, une et indi¬ visible. « Belot, maire; Taveau, secrétaire. » Francastel, représentant du peuple près l’ar¬ mée de l’Ouest, fait passer à la Convention natio¬ nale les lettres de prêtrise du citoyen Moulin, vicaire épiscopal d’Angers (2), et du citoyen Bes-nard, curé de Nouans, département de la Sarthe. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (3). (1) Archives nationales, carton C 284, dossier 819. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 66. (3) Nous n’avons pas pu retrouver ces lettres.