16 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE des scélérats assés hipocrites pour la prêcher, et assez noirs pour la fouler aux pieds ? La vertu n’est donc qu’un mot vuide de sens pour ces âmes rampantes; la probité n’est donc qu’un fantôme pour ces coeurs fangeux; le patriotisme n’est donc qu’un manteau d’honneur dont se couvrent les intriguans ! Ils sont bien dangereux, puissent (sic) qu’ils ensevelissent leur projet dans l’ombre du mistère pour mieux combiner les coups qu’ils ont à porter; mais, législateurs, vous savez que le serment que vous avez prêté de sauver le peuple exige une surveillance active, impartiale et continuelle; vous le savez, et nous étions bien sûrs que vous ne l’oublieriez jamais. L’orage est détourné; les coups vont retomber sur ceux qui nous les destinoient; la hache des lois ne perd jamais sa proie. La Convention nationale est tout pour le peuple françois; il l’aime parce qu’il l’estime; il l’estime parce qu’il a confiance en elle et qu’il se repose sur ses vertus. Oui, législateurs, la confiance vous environne. Nous venons de jurer de rester à jamais unis à la Convention nationale; ce serment n’est pas le premier : il est dans nos coeurs; il n’en sortira jamais et nous le déposons dans vos mains. Vive la République. Vive la Convention nationale. [Suivent plus de 370 signatures]. 21 La société populaire de Clermont-Oise félicite la Convention nationale sur son énergie, et témoigne toute son indignation contre les conspirateurs; Ludon [s/c pour : rad|mmist,at'lon] l’agent national du district du même nom témoignent les mêmes sen-timens. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Applaudissements] [Les membres composant la sté popul. de Clermont-Oise, à la Conv.; Clermont-Oise, 11 therm. II] (2). Citoyens représentants, Il est donc vrai que l’orage de la plus affreuse tyrannie se formoit autour de vous et que la foudre planait sur vos têtes ! Il est donc vrai que des monstres, dont nous ne pouvons nous rappeler les noms sans frémir, tramaient dans leurs repaires sinistrefs] les cruels moyens de cimenter de votre sang votre esclavage, le nôtre, et celui de nos descendans ! Il est donc vrai enfin que le poste qui leur avoit été confié par le peuple pour servir leur patrie et consolider son bonheur devoit bientôt fumer du sang que leurs mains barbares se préparoient à verser ! (1) P.-V., XLII, 282. Mentionné par B ln, 27 therm. (1er suppf); J. Fr., n° 675; Ann. R. F., n° 242. (2) C 314, pl. 1 258, p. 43. Nous avions appris qu’il fut un temps de confusion, de discordes et de fureur, où la majesté du peuple méconnue fut souvent victime du glaive des tyrans; époque désastreuse à laquelle nous n’imaginions pas que le temps où nous vivons pût encore ressembler ! Sans nous refuser au récit de ces horreurs consignées dans nos annales, nous désirions que la mémoire en fut détruite et que ces jours malheureux fussent ensevelis dans une nuit éternelle. Pourquoi faut-il donc que nous soyons forcés de rouvrir une playe qui cessoit à peine de saigner, et que nous ayons encore à rougir d’avoir revêtu de notre confiance des scélérats qui n’y ont répondu qu’en donnant au monde le spectacle du plus grand des forfaits, et qu’en cherchant à plonger le fer dans le sein des mandataires du peuple et de tous les républicains. Citoyens représentans, Ce complot innoui vient d’être annéanti par vous, avec ses infâmes auteurs; achevez votre ouvrage, démasquez et punissez les traîtres. Notre amour est votre égide; nos bras sont levés pour vous deffendre, nos corps seront vos remparts. Ralliés sans cesse autour de vous, nous mourerons avec vous, ou nous viv[r]ons libres avec vous. Vadier, J.J. Scellier, Tournier, Le Fevre. Le Clech, Levavasseur, Guesnel, Colné, Duvi vier, Warée, Denoeuf, Censier, J. Tauvei.. CoiLLET, Playout, Carmielle, Lebesque, Le gras, Goux, Nevin, Tirrart, Geffroy l’aîné, Fourcray, Tondu, Drain, Denis, Thevenau, Tarlier, Delatte, Thomas Conin, Redaux, La bisse, Durand, Degond, Feron, Vallée, Truiver, autre Truiver, Le Clerq, Renard, Noël, Four MENTIER, LUZURIER, MAUPIN, COUSIN, MARTIN, Bernard, Darey, Lotte, Paignou-Hausselin, Poulin, Crepelle, J.J.L. Bosquillon-Remy, Caf fin, autre Maupin, Humblot, Viau, Beuder, Goût, Chauchart, Dubitte, Picart, Falcon, Lescuyer, Dingem, Sandrin, Hostalo, Girod, Ecureux, Prévost, Jouroye, Vuillemot [et 8 signatures illisibles]. [Les administrateurs et l’agent nat. du distr. révol. de Clermont-Oise, réunis au tribunal de paix de la comm, à la Conv.; Clermont, 11 therm. II] (1). Citoyens représentans Un monstre, d’autant plus dangereux qu’il a su feindre constamment, voulait nous rendre tous à l’esclavage : il voulait redonner aux républicains, à ceux dont il ne méritait pas d’être le concitoyen, les fers mêmes qu’il venait de briser dans les mains du dernier tyran; il voulait le remplacer, avec des vues plus cruelles encore, et, pour parvenir à ce but criminel, il a tendu tous ses pièges, il a fait usage de toutes les ressources possibles; mais son projet horrible, quelque secret, quelqu’imperceptible qu’il (1) C 314, pl. 1 258, p. 44. 17 SÉANCE DU 13 THERMIDOR AN II (31 JUILLET 1794) - N0i 22-24 fût, est tombé, avec sa tête infâme, sur l’échafaud qu’il vous destinait, et il ne reste plus de ce scélérat ambitieux et hardi, que le nom impur d’un traître à la patrie, à l’univers entier. Continués, citoyens représentans. Punissés avec la même force tous les coupables. Suivés tous les fils de ces trames, de toutes ces intrigues contre-révolutionnaires, et comptés sur notre secours, sur notre vie même pour vous seconder. Notre existence est à la patrie. Vous en êtes les pères, les dispensateurs. Vous nous donnés l’exemple d’un courage, d’une fermeté inconnus aux Romains. Nous l’imiterons. Lefevre, Playout ( agent nat.), Duvivier, Warée (vice -pré sid.), Denoeuf ( secrét .), Caffin, C. Noël ( agent de la commwn de commerce et approvisionnement de la Républ.), J.J. Scellier (j. de paix), Guesnel ( assesseur ), Fourmentier ( receveur de distr.), Falcon ( assesseur ), Renard ( assesseur ), Mosel l’aîné ( assesseur ), Nevin ( receveur des postes). 22 Les membres de la société révolutionnaire d’Orléans (1) témoignent les mêmes sentimens. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Les membres de la sté popul. et révol. d’Orléans, à la conv.; 12 therm. II] (3). Représentans La République est sauvée; des tirans d’un genre nouveau sont reconnus; déjà ils n’existent plus et leurs complices ont payé leurs forfaits. Soyez fermes à votre poste. Suivez le fil du labirinthe, et frapés tout conspirateur. Les amis de la patrie sont rassemblés dans cette enceinte; ils attendent le signal pour voler au secours de la représentation nationale, et ils jurent tous de lui faire un rempart de leurs corps. La république triomphera, ou nous serons ensevelis sous ses ruines, la Convention nationale sera sauvée, ou nous périrons avec elle. S. et F. Lottin (secrét. -trésorier), Frs-clde Landré (expré sid.), Robillard, Guisson (pré sid.), Granger, Frignon, (membre du c. de corresp.), Barbé (secrét. du c. de corresp.), Cochin (membre du c. de corresp.), Musdoy (vice-secrét.), Sb Percheron (ex-secrét.). (1) Loiret. (2) P.V., XLII, 282. B"1, 17 therm. (suppl1); Ann. patr., n° DLXXIX; J. Paris, n° 578; J. Fr., n° 676, J. Sablier, n° 1 472; M.U., XLII, 237; C. Eg., n°712. (3) C 314, pl. 1 258, P. 46. 23 Un membre [BEZARD] rend compte du fait suivant à la Convention nationale. Dans la nuit du 9 thermidor, le chef de la 3e légion de Paris (le citoyen Mathis) parcou-roit sur les 9 heures du soir les divers postes de la légion qu’il commande : arrivé près de la maison de la mairie, il trouva nombre de citoyens sous les armes qu’il ne reconnut pas; il leur demanda par quel ordre ils étoient assemblés dans une légion dont il étoit le chef : ils lui répondirent que c’étoit de l’ordre de la commune. Il leur représenta qu’ils étoient trompés; il exhiba les ordres de la Convention : tous se mirent à crier avec lui, vive la République ! vive la Convention nationale ! Il fut prévenu qu’il falloit visiter l’intérieur de la cour; à peine entré, il n’y trouva que des assassins qui fondirent sur lui à coups de sabre et de baïonnettes, lui arrachèrent ses ordres et son porte-feuille, et lui cassèrent son épée sur la figure; son cheval blessé s’abattit, et Mathis, couvert de 21 blessures, fut traîné dans cet état en prison, d’où il ne fut tiré qu’à 5 heures du matin par de braves gendarmes, et porté chez une citoyenne rue du Colombier. Il ajoute qu’il a vu hier ce fatal défenseur de la représentation nationale, et qu’il y a lieu d’espérer qu’aucune de ses blessures ne sera mortelle. Il demande la mention honorable de la conduite courageuse de Mathis au procès-verbal, dont il lui sera envoyé un extrait, ainsi que l’insertion au bulletin de correspondance; il demande aussi que le comité de salut public prenne des renseignemens positifs sur l’état de Mathis, et les circonstances qui ont accompagné l’événement dont il s’agit. La Convention nationale décrète la mention honorable, l’insertion au bulletin de la conduite de Mathis dans la nuit du 9 thermidor; ordonne qu’extrait du procès-verbal lui sera envoyé, et au surplus renvoie à son comité de salut public (1). [On applaudit avec transport]. 24 Un membre [Roger DUCOSJ donne connoissance à la Convention nationale d’une adresse du citoyen Eudes, marchand fruitier, père de 14 enfans, depuis 20 ans locataire dans la maison nationale ci-devant dite des pages, auquel il a été donné congé (1) P.-V., XLII, 283. Minute de la main de Bezard. Décret n° 10 181. Reproduit dans Bm, 28 therm. (2e suppl1); Moniteur (réimpr.), XXI, 366; J. Sablier, n° 1 470: J. Paris. n° 578; F.S.P., n° 392; M.U., XLII, 220-221; Débats, n° 680, 244-245; J. Lois, n° 674; C. univ., n° 943; Audit, nat.. n° 676; Mess. Soir, n" 670|bls|; Ann. R.F., n° 242; C. Eg., n° 713; J. Perlet, n° 677; J. S. -Culottes, n° 532. 2