SÉANCE DU 20 FRUCTIDOR AN II (6 SEPTEMBRE 1794) - N° 37 301 [La société populaire de la commune de Valdor-lay à la Convention nationale, s. d.] (68) Législateurs, Les Jacobins de Valdorlay, ci-devant St-Paul en Jarez, vous remercient et vous bénissent, d’avoir consacré cette vérité sainte qu’il existe un être suprême et que l’âme est immortelle. Les monstres qui ont prêché l’athéisme et le matérialisme scavoient bien que le moyen le plus sûr de tuer la révolution étoit d’enlever aux hommes toute idée d’une vie future et les désespérer par celle du néant. Ils vouloient faire du peuple françois un peuple de brigands pour qu’il devint ensuite un peuple d’esclaves. Vous avez déjoué heureusement ce projet infernal de l’étranger, déjà les premiers traîtres qui avoient essayé de le faire réussir, ainsi que ceux qui vouloient ces jours passés nous replonger dans l’esclavage en nous donnant des maîtres, ont payé de leur tête leur criminelle audace. Restez à votre poste jusqu’à ce que tous les tyrans soient exterminés; le serment que nous avons fait de porter chez eux le fer et la mort ne sera pas vain et infructueux, les tyrans et leurs satellites périront tous avant que la République que vous avez fondée et que vous conservez en dépit des factions et des rois périsse. Nous vous faisons parvenir l’expression de notre reconnoissance pour les brillants succès que vos opérations viennent de procurer aux armes de la République; nous vous félicitons du courage de ces guerriers que la voix de la patrie en danger a d’abord fait voler à la défense des frontières, et qui repoussent aujourd’hui les phalanges barbares dont l’invasion souilloit notre territoire, cueillent des lauriers dans les plaines du nord, sur les rives de la Sambre, dans les champs arrosés par le Rhin, et jusque sur le front glacé des Alpes et Pyrénées. Le bruit de leur victoire a retenti dans notre commune qui quoique très petite et n’ayant que 2 200 individus, se félicite d’avoir fourni depuis la guerre cent nonante défenseurs de la patrie, d’avoir envoyé au district le 8 prairial 13 chemises, 6 paires de bas, 15 paires de souliers, outre 37 paires livrés le même jour aux volontaires de la première réquisition, et 38 paires aux citoyens peu aisés qui avoient combattu contre Lyon. Infatigables Montagnards, comptez sur notre zèle, comptez sur notre reconnoissance, ainsi que les vainqueurs de Fleurus, nous écrierons qu’il n’est point de retraite aujourd’hui, comme eux nous combattrons tous nos ennemis à mort, comme eux nous en triompherons, et la République sera sauvée. Chorel Laplagny, président, Crozet, secrétaire, suivi d’une page de signatures. (68) C 318, pl. 1 294, p. 17. Bull., 21 fruct. (suppl.). 37 La société populaire de la commune de Chambéry, département du Mont-Blanc, envoie, à la Convention nationale, deux exemplaires d’une adresse à ses concitoyens du département, où elle exprime énergiquement son indignation et sa haine contre le perfide et féroce Anglais, et où elle les invite à ouvrir une souscription pour la construction d’un vaisseau qui portera le nom de Mont-Blanc. Mention honorable, insertion au bulletin (69). [La société régénérée des Amis de la République française, une, indivisible et démocratique, séante au temple de la Montagne à Chambéry, département du Mont-Blanc, à ses concitoyens] (70) Frères et Amis, L’amour de la patrie a triomphé de tous les obstacles qu’opposoient au bonheur de la France, les crimes et la férocité de ses ennemis, lui seul a enfanté dans le cœur de tous les défenseurs des droits de l’homme, cette exécration salutaire contre les ennemis de la tyrannie, et leur a facilité cette invincibilité dont ils donnent chaque jour des preuves. Tandis qu’entourée des vertus des républicains français, la liberté s’avance avec fierté sur le sol de l’esclavage, plus loin, dirigeant leurs coups, la victoire recule les bornes de son empire, et annonce à l’univers étonné la chute prochaine de ses fers et l’anéantissement des trônes. Des bords du Rhin aux rives de l’Escaut, des Alpes aux Pyrénées, le même signal a été donné, nos phalanges guerrières, précédées de la terreur, ont mis en fuite les hordes du despotisme, et la France entière célèbre et immortalise leur gloire. Mais du sein de l’allégresse publique, un cri général se fait encore entendre : Mort aux Anglais, que Londres soit détruite, répète-t-on sur tous les points de la République, tel est le vœu national qui se prononce avec force et va s’exécuter avec intrépidité. Oui, citoyens, les crimes de l’Angleterre sont dévoilés, et son anéantissement seul peut expier la peine due à leur atrocité. Nation barbare ! Le monde entier témoin de tes forfaits, réfléchit aujourd’hui les traits hideux que tu leur as donné; tous les peuples de la terre peuvent t’accuser. Là tu as porté la désolation et la mort, plus loin, tu as envahi les possessions, ailleurs, tu as enfanté les malheurs, et ici, tu as essayé la corruption. Peuplade féroce ! tu as bien conservé le caractère de tes ancêtres ! échappés à la destruction de Carthage, vomis par le courroux des mers sur la terre odieuse que tu habite pour en faire le séjour des vices. Ils t’ont laissé pour héritage, leur insolence et leur cruauté; tu as été fidèle à leur système infâme, car tu as mis tout en œuvre pour embraser (69) P. V., XLV, 105. C. Eg., nu 750; F. de la Républ., n° 428; J. Fr., n° 713; M.U., XLIII, 346. (70) C 320, pl. 1 316, p. 18, imprimé, 1 p. A&HSTOtm mMmbl. MMMCttB» 302 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE l’Europe, la trahison, l’incendie, le meurtre, tous les malheurs enfin qui ont pu nous environner, et que la puissance du peuple a su déjouer ou vaincre, ont été ton ouvrage; mais l’heure de la vengeance nationale a sonné, les républicains français se sont chargés de ta destruction, et de celle de tous les trônes. C’est là le gage d’alliance qu’ils veulent offrir aux nations délivrées des horreurs de ton existence. Français ! trop longtemps l’Anglais fut épargné; la Convention nationale vient de mettre son traitement à l’ordre du jour : Que les esclaves anglais périssent, dit-elle, et l’Europe sera libre. Enfans de la liberté ! voilà de nouveaux lauriers à cueillir, et c’est à Londres que les plus beaux rameaux vous attendent : c’est là, dans les murs de ce repaire de tyrans maritimes, que le génie de la liberté va vous conduire pour punir avec éclat les crimes nombreux qu’ils ont préparé dans l’ombre. Mais, Citoyens, ne bornons pas à des vœux stériles notre indignation contre un peuple anthropophage, déjà les Départemens ont ouvert des souscriptions pour la construction de plusieurs vaisseaux : tous suivent un si bel exemple : serons-nous seuls insensibles à ces généreux sacrifices, nous, ci-devant Allobroges, rentrés dans le sein de la grande famille dont le despotisme nous avoit séparé, nous, dont la nation anglaise a voulu garantir l’esclavage sous un tyran odieux, auquel un parlement mercenaire vient encore d’aider par des subsides, à nous remettre dans les fers; non, citoyens, votre haine pour l’esclavage, votre amour pour la liberté nous garantissent le succès de la démarche que nous faisons auprès de vous; qu’une souscription générale s’ouvre de même à l’exemple de nos frères des autres Départemens, que chacun s’impose suivant ses facultés : le denier du pauvre aura le même prix que l’or de l’homme riche; qu’un vaisseau portant le nom du Mont-Blanc s’élève sur les chantiers. C’est à vous, sociétés populaires, filles de la liberté, que sont confiés les intérêts de la patrie, c’est à vous à embraser le cœur de vos concitoyens, et c’est dans votre sein que nous déposons nos espérances les plus précieuses. Rendons tous nos municipalités dépositaires de nos offrandes civiques; invitons-les à nommer des receveurs : qu’elles les versent ensuite entre les mains d’un receveur général, nommé par le Département, que bientôt notre don devienne utile à la République, et atteste notre dévouement à la patrie, et notre haine pour la nation anglaise. Séance du treize thermidor, an second de la République française une, indivisible et démocratique. Velat propose la rédaction d’une adresse dont il avoit été chargé par un précédent arrêté; elle est adoptée, la société en arrête l’impression au nombre de 2 000 exemplaires, et l’envoi à la Convention nationale, aux Jacobins de Paris, aux sociétés affiliées et à toutes les communes de ce Département. Arrête en outre, qu’elle sera présentée au Directoire du Département, pour qu’il en facilite par tous les moyens possibles le succès. Signé Rabanis, président; Doppet, Velat, Gargoux et Chabert, secrétaires. 38 L’agent national du district de Commercy, département de la Meuse, annonce à la Convention que le citoyen Denis, ci-devant ministre du culte catholique, a renoncé à la pension de 800 L que la loi du 2 frimaire lui accordoit, comme ayant abdiqué ses fonctions. Insertion au bulletin, renvoyé au comité des Finances (71). 39 L’assemblée générale de la commune de Nyons, département de la Drôme, annonce qu’elle a célébré l’anniversaire du 14 juillet par une fête civique, et qu’elle a remercié, dans ce beau jour, l’auteur de la nature, des succès de nos armées et des résultats heureux des travaux de la Convention nationale. Mention honorable, insertion au bulletin (72). RÉPUBLIQUE FRANÇAISE LIBERTÉ ÉGALITÉ Adresse de l’ Assemblé Générale de la commune de Nyons, Chef-lieu de district, à la Convention Nationale (73). Représentans, Nous avons célébré l’anniversaire glorieux du quatorze juillet. Qu’il est précieux à des Républicains le souvenir de ce premier réveil des Français ! De cette journée mémorable, où nos tyrans virent tomber le sceptre de fer de leurs mains ensanglantées; où le génie tutélaire de la France désarma les Légions formidables de l’aristocratie, et renversa les antres ténébreux de leurs crimes; où le dévouement généreux des héros de la Bastille fit éclore sur notre horison, les premiers rayons de notre liberté ! Ah ! Sans doute, nous avons solemnisé dans le Temple de l’Etre Suprême, cette époque heureuse de notre Révolution, avec la pompe qui convient à des hommes libres. Eh ! Pourrions-nous oublier le premier de nos triomphes contre le despotisme ? Il est écrit dans le recueil des vastes conceptions de la liberté; il est gravé sur la première page de nos Annales Républicaines, et les doigts du temps ne l’effaceront jamais. Représentans, nous avons aussi remercié l’Auteur de la Nature du succès de nos armes, des résultats heureux de vos sublimes travaux, de vos soins paternels à mesurer les besoins du Peuple, tous les actes de la bienfaisance nationale. Le vieillard soulagé de ses infirmités, la veuve consolée de la perte de son époux, l’enfant (71) P.-V., XLV, 105-106. Bull., 21 fruct. (suppl.). (72) P.-V., XLV, 106. (73) C 319, pl. 1 305, p. 29. Adresse imprimée, 3 pages.