SÉANCE DU 26 FLORÉAL AN II (15 MAI 1794) - N° 14 343 leur étendue l’exigeait, vous avez, à la fois pénétré tous les dangers, vous les avez conjurés; et soudain, le despote et ses satellites abattus, la tyrannie s’est replongée elle-même dans l’abime où vous l’avez enchaînée pour jamais; et le jour de la liberté et de l’égalité a brillé d’un nouvel éclat sur notre horizon. Des restes pestiférés de ces hordes de traîtres s’étaient glissés parmi vous, mais ils n’ont point échappé à vos regards pénétrans : vous avez tout livré aux rigueurs de la loi et d’un même coup sa hache dangereuse nous a délivrés. Courage, dignes représentans, votre énergie peut seule soutenir l’édifice républicain. Restez donc à votre poste jusqu’à ce que le génie de la liberté qui vous inspire ait écrasé le dernier tyran. Le temps n’est pas loin : nos frères d’armes brûlent du feu sacré que vous entretenez sur l’autel de la patrie. Ils n’attendent que le signal, et les coups qu’ils porteront consolideront votre sublime courage; alors seulement la France pourra, dans le calme et sous l’égide des mœurs pures que vous lui préparez, jouir des bienfaits de notre Constitution populaire. Hâtez ces instans ! Partez ! et s’il le faut nous volerons tous à la gloire. Si quelques esclaves échappent au glaive de la liberté et de l’égalité, ce ne sera que pour rentrer honteux dans leur repaire, et traîner leur triste existence dans le sang de l’esclavage que leur âme avilie est faite pour porter. Tous au contraire victorieux, nous accourerons vous ceindre le front des lauriers que votre sagesse énergique nous aura fait cueillir. Citoyens représentans, nos cœurs goûtent déjà par la pensée les délices du moment où serrés dans les bras de la reconnaissance vous jouirez des fruits mérités de vos pénibles travaux. S. et F. » Pétigny (p résid.), Morillon (secret.); Dongez. 14 La Société populaire de Matha (1) écrit qu’elle a juré de nouveau de périr pour la défense de la représentation nationale. Elle envoie l’état des dons patriotiques de diverses communes, consistant en 367 chemises, 19 paires de bas, 4 paires de souliers, de la charpie, 1,130 liv., tant en assignats qu’en numéraire, et plusieurs autres objets. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Matha, 15 germ. Il] (3). «Au seul bruit de trahison, la Société populaire de Matha, par un mouvement spontané s’est levée en masse et a juré de nouveau de périr pour la défense de la Convention nationale et la cause de la liberté. Vous avez su, Citoyens, par un acte de vigueur digne de vous, soutenir les droits qu’un peuple magnanime vous avait confiés; vous avez, dans ses intérêts, ôté l’inviolabilité personnelle à l’ombre de laquelle se rangeaient tous les conspirateurs, tous les traîtres : vous avez (1) Charente-Inférieure. (2) P.V., XXXVII, 219. B1”, 29 flor. (suppP). (3) C 302, pl. 1087, p. 4. aboli l’esclavage des nègres que des gens pervers cherchaient encore à prolonger : entre le peuple et les machinations perfides qui allaient le perdre, vous avez interposé votre caractère sublime, vous avez puni le vice, rendu à l’innocence trompée son premier éclat. Citoyens, votre exemple de courage et vos vertus héroïques alimentent la confiance du peuple, électrisent les corps constitués, donnent une nouvelle énergie aux Sociétés populaires; la nôtre vous invite, Citoyens, de continuer à bien mériter de la patrie et de ne sortir de votre poste que lorsque vous aurez consolidé la République toujours prête à sceller de son sang l’engagement fidèle qu’elle a contracté de vivre libre ou de mourir. Nous vous faisons part, Citoyens, des dons patriotiques que nous allons de nouveau envoyer à nos frères d’armes; notre tableau en serait plus chargé si, des 16 communes qui composent le canton, 7 ne se fussent soustraites à l’invitation de notre Société populaire, qui, par un mouvement purement civique les avait engagées de se réunir à elle pour cette offrande. La Société avait eu pour but : 1° de faire unité avec toutes les communes du canton; 2° d’éclairer et stimuler celles qui se seraient montrées engourdies, insouciantes; 3° de censurer les administrations qui auraient négligé de recueillir ces libéralités; 4° d’amener l’égalité dans l’application des dons en raison de l’homme aisé comparé avec celui qui l’est moins. Ces précautions, Citoyens, ne vous paraîtront pas hors de propos lorsque vous saurez que ce sont elles qui nous ont éclairé sur le patriotisme de chaque commune; que ce sont elles encore qui nous ont enfin mis à découvert le motif de celles qui (comme Haimps et Prignac) ont été envelopper leur honte dans le mystère de l’éloignement; elles n’avaient pas rougi de donner préalablement les preuves les plus choquantes de leur pénurie, de leur lésinerie, en étant venues nous offrir sous le titre de dons patriotiques les signes du mépris et de la dérision. Cet aperçu doit vous faire préjuger, Citoyens, combien les dons patriotiques fourniraient de ressources si la surveillance et la justice y présidaient; il nous paraîtrait avantageux qu’ils ne fussent dorénavant reçus que par des commissaires de localité et qui, comme les Sociétés populaires, eussent la force de dévoiler au grand jour, celui qui se serait rendu indigne du nom de citoyen. S. et F. » Lemoyne (présid.), Gargoullault fils (seerét.), [et 1 signature illisible]. [Etat des dons de 9 communes .] Matha : 41 chemises, 7 p. de bas, 4 p. de souliers, 19 liv. de charpie, 1 mouchoir, 227 liv. de papier monnaie. Sonac : 56 chemises, 12 liv. de charpie, 70 liv. de papier monnaie. Macqueville :47 chemises, 1 p. de bas, 44 liv. de papier monnaie. Blanzac : 34 chemises, 4 p. de bas, 54 liv. de papier monnaie. Courserac : 23 chemises, 3 p. de bas, 1/2 liv. de charpie, 69 liv. 10 s. de papier monnaie. SÉANCE DU 26 FLORÉAL AN II (15 MAI 1794) - N° 14 343 leur étendue l’exigeait, vous avez, à la fois pénétré tous les dangers, vous les avez conjurés; et soudain, le despote et ses satellites abattus, la tyrannie s’est replongée elle-même dans l’abime où vous l’avez enchaînée pour jamais; et le jour de la liberté et de l’égalité a brillé d’un nouvel éclat sur notre horizon. Des restes pestiférés de ces hordes de traîtres s’étaient glissés parmi vous, mais ils n’ont point échappé à vos regards pénétrans : vous avez tout livré aux rigueurs de la loi et d’un même coup sa hache dangereuse nous a délivrés. Courage, dignes représentans, votre énergie peut seule soutenir l’édifice républicain. Restez donc à votre poste jusqu’à ce que le génie de la liberté qui vous inspire ait écrasé le dernier tyran. Le temps n’est pas loin : nos frères d’armes brûlent du feu sacré que vous entretenez sur l’autel de la patrie. Ils n’attendent que le signal, et les coups qu’ils porteront consolideront votre sublime courage; alors seulement la France pourra, dans le calme et sous l’égide des mœurs pures que vous lui préparez, jouir des bienfaits de notre Constitution populaire. Hâtez ces instans ! Partez ! et s’il le faut nous volerons tous à la gloire. Si quelques esclaves échappent au glaive de la liberté et de l’égalité, ce ne sera que pour rentrer honteux dans leur repaire, et traîner leur triste existence dans le sang de l’esclavage que leur âme avilie est faite pour porter. Tous au contraire victorieux, nous accourerons vous ceindre le front des lauriers que votre sagesse énergique nous aura fait cueillir. Citoyens représentans, nos cœurs goûtent déjà par la pensée les délices du moment où serrés dans les bras de la reconnaissance vous jouirez des fruits mérités de vos pénibles travaux. S. et F. » Pétigny (p résid.), Morillon (secret.); Dongez. 14 La Société populaire de Matha (1) écrit qu’elle a juré de nouveau de périr pour la défense de la représentation nationale. Elle envoie l’état des dons patriotiques de diverses communes, consistant en 367 chemises, 19 paires de bas, 4 paires de souliers, de la charpie, 1,130 liv., tant en assignats qu’en numéraire, et plusieurs autres objets. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Matha, 15 germ. Il] (3). «Au seul bruit de trahison, la Société populaire de Matha, par un mouvement spontané s’est levée en masse et a juré de nouveau de périr pour la défense de la Convention nationale et la cause de la liberté. Vous avez su, Citoyens, par un acte de vigueur digne de vous, soutenir les droits qu’un peuple magnanime vous avait confiés; vous avez, dans ses intérêts, ôté l’inviolabilité personnelle à l’ombre de laquelle se rangeaient tous les conspirateurs, tous les traîtres : vous avez (1) Charente-Inférieure. (2) P.V., XXXVII, 219. B1”, 29 flor. (suppP). (3) C 302, pl. 1087, p. 4. aboli l’esclavage des nègres que des gens pervers cherchaient encore à prolonger : entre le peuple et les machinations perfides qui allaient le perdre, vous avez interposé votre caractère sublime, vous avez puni le vice, rendu à l’innocence trompée son premier éclat. Citoyens, votre exemple de courage et vos vertus héroïques alimentent la confiance du peuple, électrisent les corps constitués, donnent une nouvelle énergie aux Sociétés populaires; la nôtre vous invite, Citoyens, de continuer à bien mériter de la patrie et de ne sortir de votre poste que lorsque vous aurez consolidé la République toujours prête à sceller de son sang l’engagement fidèle qu’elle a contracté de vivre libre ou de mourir. Nous vous faisons part, Citoyens, des dons patriotiques que nous allons de nouveau envoyer à nos frères d’armes; notre tableau en serait plus chargé si, des 16 communes qui composent le canton, 7 ne se fussent soustraites à l’invitation de notre Société populaire, qui, par un mouvement purement civique les avait engagées de se réunir à elle pour cette offrande. La Société avait eu pour but : 1° de faire unité avec toutes les communes du canton; 2° d’éclairer et stimuler celles qui se seraient montrées engourdies, insouciantes; 3° de censurer les administrations qui auraient négligé de recueillir ces libéralités; 4° d’amener l’égalité dans l’application des dons en raison de l’homme aisé comparé avec celui qui l’est moins. Ces précautions, Citoyens, ne vous paraîtront pas hors de propos lorsque vous saurez que ce sont elles qui nous ont éclairé sur le patriotisme de chaque commune; que ce sont elles encore qui nous ont enfin mis à découvert le motif de celles qui (comme Haimps et Prignac) ont été envelopper leur honte dans le mystère de l’éloignement; elles n’avaient pas rougi de donner préalablement les preuves les plus choquantes de leur pénurie, de leur lésinerie, en étant venues nous offrir sous le titre de dons patriotiques les signes du mépris et de la dérision. Cet aperçu doit vous faire préjuger, Citoyens, combien les dons patriotiques fourniraient de ressources si la surveillance et la justice y présidaient; il nous paraîtrait avantageux qu’ils ne fussent dorénavant reçus que par des commissaires de localité et qui, comme les Sociétés populaires, eussent la force de dévoiler au grand jour, celui qui se serait rendu indigne du nom de citoyen. S. et F. » Lemoyne (présid.), Gargoullault fils (seerét.), [et 1 signature illisible]. [Etat des dons de 9 communes .] Matha : 41 chemises, 7 p. de bas, 4 p. de souliers, 19 liv. de charpie, 1 mouchoir, 227 liv. de papier monnaie. Sonac : 56 chemises, 12 liv. de charpie, 70 liv. de papier monnaie. Macqueville :47 chemises, 1 p. de bas, 44 liv. de papier monnaie. Blanzac : 34 chemises, 4 p. de bas, 54 liv. de papier monnaie. Courserac : 23 chemises, 3 p. de bas, 1/2 liv. de charpie, 69 liv. 10 s. de papier monnaie.