[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. \ �brumnireanll >9 J ? 29 octobre 1/93 Suit un extrait des registres de la commune de Bazas (1). Extrait des registres de la commune de Bazas . Du vingt septembre mil sept eent quatre-vingt-treize, l’an II de la République française une et indivi¬ sible. Le conseil général assemblé en permanence, Considérant que les vrais républicains ne peuvent plus concevoir des doutes sur les bonnes intentions des représentants connus sous le nom de Montagnards, que depuis les premiers jours du mois de. juin dernier, la Convention nationale marche d’un pas sûr et rapide vers l’affermissement de la République, qu’elle a montré la plus grande énergie en re¬ poussant de son sein les hypocrites qui trahis¬ saient les droits du peuple, qu’elle ne cesse de défendre avec courage la cause de l’espèce humaine, que dans les crises actuelles une nouvelle législature ne pourrait faire d’abord usage des grandes mesures de salut public qui sont indispensables, que l’intérêt de la nation commande impérieusement aux députés actuels de rester fermes à leur poste jusqu’au complé¬ ment de la Révolution, et que les bons citoyens doivent se réunir pour inviter la Convention à ne se séparer que lorsque la liberté et l’égalité ne seront plus en danger. Le conseil général, après avoir entendu le procureur de la commune, prie la Convention nationale de ne convoquer une législature que lorsque la République sera généralement re¬ connue et à l’abri de tout danger. La présente délibération sera affichée aux lieux accoutumés. Fait et arrêté en séance publique, dans la maison commune de Bazas, les jour, mois et an que dessus. {Suivent 22 signatures.) Suit la lettre de rétractation des chef de légion et commandants du district de Bazas (2). Le chef de légion et trois commandants du district de Bazas. « Augustes représentants du peuple, « Quelques commandants de la garde natio¬ nale du district de Bazas, avec le chef de légion, trompés, séduits par des traîtres, des désorganisateurs, avaient succombé à leurs suggestions perfides et adhéré à la prétendue commission populaire de salut public de Bor¬ deaux qui, sous prétexte d’unité et d’indivisi¬ bilité de la République, tramait dans son sein des projets liberticides. « Elle présentait les décrets des 31 mai, 1er et 2 juin sous les couleurs les plus effrayantes pour la liberté, et par ce moyen captait les esprits faibles qui veulent le bien, mais qui manquent de politique et de talents pour se (1) Archives nationales, carton G 278, dossier 748. (2) Archives nationales, carton G 278, dossier 748.. garantir du précipice dans lequel les malveil¬ lants veulent jeter les bons citoyens, et voilà ce qu’ont éprouvé les sans-culottes de Bazas. « Mais ayant reconnu le piège et revenus de leur erreur, les soussignés adhèrent à tous les décrets de la Convention, et notamment à ceux qui l’ont purgée des députés perfides qn’il faut punir; et ne voyant dans son sein que la Montagne, ils feront une guerre éternelle aux tyrans et aux traîtres, et jurent sur leurs armes de les exterminer partout où. ils oseront se montrer. « Continuez, augustes représentants, votre carrière illustre sera l’arche sacrée du salut de tous les peuples et le tombeau de tous les despotes de l’univers. « Veuillez aussi, nous vous en conjurons, ne pas vous séparer sans avoir donné la paix à la République; voilà le vœu de tous les vrais républicains, et nous pensons que c’est aussi le vôtre. Le vaisseau de l’Etat n’étant pas encore au port, votre retraite causerait, n’en doutez point, la mort de la liberté et le triomphe de l’aristocratie. « Nous vous prions encore, augustes repré¬ sentants, de vouloir faire part de nos vœux à la Convention nationale, et l’assurer que les sous¬ signés rétractent leur égarement, et se feront honneur d’être du parti de la Montagne qui doit toujours être le point de ralliement des répu¬ blicains. « Caget, commandant en chef; J. Sazerac, commandant en second; Mougie, chef de légion; pour Darquet, commandant d’ Au¬ ras. « Cette pièce contenait un bien plus grand nombre de signatures, mais voici une tournure de l’aristocratie qui a remué les esprits et engagé des signataires à demander que leur signature fût biffée de l’adresse, disant qu’ils ne voulaient pas de rétractation. » Le citoyen Grande!, commissaire de l’assem¬ blée primaire du canton de Fournez [Fournels], district de Saint-Chely, département de la Lozère, annonce que, malgré le fanatisme qui a existé dans cette contrée, les jeunes gens de la pre¬ mière réquisition brûlent du désir de purger la terre de la liberté. Mention honorable et insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit la lettre du citoyen Grandet (2). L'envoyé de V assemblée primaire du canton de Fournels, district de Saint-Ghély, département de la Lozère, à la Convention nationale. « Fournels, ce 6 octobre 1793, l’an II de la République une et indivisible. « Citoyens représentants, « Malgré les suggestions perfides du fanatisme, malgré les clameurs féminines toujours ten-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 185. (2) Archives nationales, carton C 280, dossier 761. 10 [Convention nationale.] ARCHIVAS PARbPM$NTAÎRiih, 8 brumaire an II 29 octobre 1198' dantes à subjuguer l’esprit des Français i eependanii le tocsin de la liberté s’est fait entendre dans les eeenrs des jeunes républicains ils se sont organisés en deux compagnies et brûlent d’ardeur à concourir de toute leur force au salut de la patrie. « Nous sommes tous cultivateurs, disent-ils, robustes et vigoureux? que les despotes sachent que nous les chasserons de la terre de la liberté avec la meme ardeur que nous chassons do nos champs la livrée (sic), les ronces et les épines; fraternité, égalité, unité de la République eu la mort, c’est notre ser¬ ment. » « Voilà) représentants, quels sont les senti¬ ments de ces jeunes républicains, quoique voisins du canton de Jïasbinals où l’iqfâpie Charrier avait trouvé des complices, où ses habitants sont encore outrés du fanatisme puisque leurs prêtres réfractaires leur ont fait croire que Charrier était ressuscité, rjen n’empê? chera nos jeunes républicains à se ranger sous le drapeau de la liberté» et en cas qu’ü.y en eût quelqu’un de subjugué, je redoublerai de sèle pour l’écbauûer de J’ amour de la patrie; et malgré le fanatisme, ça im et m m « GrANDEL. » 1$ Convention renvoie au comité de Salut pu? blic une lettre de Pocholle, représentant du peuple, qui annonce l’irruption des rebelles de la Vendée sur Rennes, la prise de Laval par çes brigands, la levée des départements voisins pour anéantir ces rebelles (1). Suit la lettre de Pocholle (2). Jlu comité de Salut public, dément attaché à l’armée de l’Ouest, Il est im¬ possible que je reste plus longtemps dans l’état où je me trouve. Je sais que Garnier et Carpen¬ tier ne sont pas loin de moi, qu’Esnüe La Vallée et Thirion sont dans des départements voisins, mais ils ont sans doute une mission expresse, et ne peuvent m’être d’aucun secours. C’est un des plug grands abus de notre gouvernement provi¬ soire que cette multitude' de missions qui se croisent souvent, qui n’ont jamais de limites de territoire bien déterminées, et qui exposent ceux qui en sont chargés à des mesures incertaines et quelquefois même contradictoires. JJ est pressant que vous preniez un parti à cet égard, « Salut et fraternité. « Le représentant du peuple actuellement à Bennes , " « Pocholle. « P. S. J’ai les plus grands éloges à donner à la garde nationale de Rennes et à celle de plu? sieurs villes de ce département ; les départements voisins ne paraissent pas moins bien disposés, » La lettre que nous reproduisons ei-dessus est adressée au comité de Salut public, mais le même jour, Pocholle écrivit à la Convention une autre lettre, dont nous n'avons pu découvrir l'original, et dont nous nous bornons à donner les extraits publiés par divers journaux dans leurs comptes rendus $e la séance 4U $ brumaire an II, Compte remi) tj du Moniteur universel (lj, Un secrétaire lit la lettre suivante de Pocholle, représentant du peuple dans le département dé l’ffle-et-Vilaine, à Rennes, le 6 brumaire, a Rennes, le 6 du 2e mois de l’an H-« Le général Rossignol est arrivé fort à propos hier à Rennes. La prise de Laval, l’approche des brigands prêts à inonder ce département et cens qui i’enyironaent, les mouvements ex¬ traordinaires que ces circonstances ont forcé d’imprimer aux gardes nationales du Morbihan, des Cêtes-du-Nefd et de ja Manche rendaient sa présence très nécessaire. » Vergnes a inspiré 4e la méfiance aux pa¬ triotes, mais je orôis plutôt aux aooords de son amour-propre qu’aux projets de la malveillance qu’on lui suppose; au reste,- je l’observe. ' « Tout se dispose pour envelopper bientôt l’ennemi dans un filet auquel il ne pourra éehap. per, et pour rendre promptement Laval à la République, mais il faudra que petto ville cou¬ pable soit punie, je recueille des détails sur la trahison qui l’a livrée, et je m’empresserai de vous les transmettre. « Je vous ai déjà dit que j’étais seul ici, bâtez-vous donc, je vous en conjure, de m’aider dans le travail dont je suis chargé et surtout de me dire en quelle qualité je dois y rester, si je suis représentant du peuple près l’armée des côtes de Brest, ou représentant chargé des mesures de Salut public dans les départements. Mon camarade Carrier est à Nantes et paraît déci-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 185. (2) Archives nationales , carton AFn 1?Q, pja-quettert393, pièce 43. (1) Moniteur universel En0 41 du Jl hrumàire an il (vendredi 1er novembre 1793), p, 166, col, 2], Le Mercure universel [9e jour du 2 6 mois de l’an fl (mercredi 30 octobre 1793), p. 476, col. 2 et 477, col. 1] reproduit textuellement le Moniteur. D’autre part, les Annales patriotiques et littéraires [n° 302 du 9 brumaire an II (mercredi 30 octobre 1793), p. 1405, col. 1] et l'Auditeur national [n° 403 du 9e jour du 2@ mois dé l’an II (mercredi 30 oc¬ tobre 1793), p. 1] rendent compte de la lettre de Pocholle dans les termes suivants î I Compte rendu des Annules patriotiques et littéraires (1). Les débris de l’armée catholique et royale inquié¬ taient encore les citoyens du département d’Ple-et-Vilairie. Une lettre de Pocholle, représentant du peuple français, annonce que l’apparition des bri-, gands, du côté de Laval, a donné l'occasion apx départements de la çi-devant Bretagne de se dis** t ingu or. La destruction des rebelles ou la mort, tel est le cri de ralliement des citoyens de ce pays, Pour-les exterminer jusque dans leurs derniers retranche* ments, fi paraît qu’ils se sç»nt levés en masse. Là garde nationale de Rennes a donné l'impulsion. Aus? sitôt qu’elle e,ut appris que Loyal était au pouvoir des rebelles, elle cria : Aux armes I et toutes les villes voisines imitèrent cet élan sublime, A la voix de Prieur et de Garnier, les départements du Morbihan et de la Manche se sont pareillement levés. Je puis assurer la Convention, dit hauteur de cette 4ê? pèche, que les traîtres qui ont livré Laval ne reste¬ ront pas longtemps impunis. Un membre proteste du patriotisme des habitants de cette ville, où il ne s’est trouvé que 4QÛ vieillards peur la défendre, Ils ont vigoureusement soutenu