I Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j nW5sG a?. “ '691 L 1 (4 janvier 1/94 de pied ferme, et que sur toutes les côtes de Brest ils auront le même sort qu’à Toulon. Je profite de ma course à Port-Mâlo pour visiter les côtes environnantes et les mettre toutes dans un état de défense encore plus respectable. Je rejoins demain la division du Nord actuel¬ lement à Nantes, et j’y réunirai les forces que j’en avais distraites pour l’expédition projetée du Port-Mâlo. Le jour de mon arrivée à Bennes, on célébrait le triomphe des vainqueurs de l’infâme Toulon. Je me suis empressé, avec mon collègue La¬ vallée, de prendre part à l’allégresse générale; nous nous sommes mêlés dans les danses et banquets civiques. Les spectacles, gratuits, n’ont retenti que des éloges dus à la Montagne. J’ai profité de cette mémorable circonstance pour passer en revue la garde nationale et les troupes de ligne; je les ai haranguées révolu - tionnairement. Les bataillons sont nombreux et bien tenus : la majeure partie a déjà vu le feu. En cas d’attaque, j’espère que les bons patriotes et la Société populaire, dont j’ai reçu les serments défendront Rennes avec succès, malgré les enne¬ mis intérieurs dont cette ville abonde. Au reste, depuis la dernière déroute des rebelles à Savenay il n’en est plus question que comme de brigands épars qui, par pelotons, attaquent sur les grands chemins et dévalisent les passants. La Commission militaire établie dans cette ville venge chaque jour le peuple des orimes des contre-révolutionnaires et des aristocrates; les jugements sont fréquents, et la guillotine les suit de près. Depuis environ quinze jours; les Commissions militaires et révolutionnaires de Cette commune, ont délivré la République de plus de 200 scélérats (1). Il faut espérer enfin que bientôt le soleil de la liberté n’éolairera plus que de vrais patriotes et d’intrépides républi¬ cains. Salut et fraternité. Le représentant du peuple, Laplanche. Le ministre de la guerre envoie à la Conven¬ tion le détail de la belle action du citoyen Man¬ dement, cavalier au 6e régiment, à l’affaire d’Hondscoote. « Le 6e régiment de cavalerie, était en bataille derrière les lignes d’infanterie, attendait le moment d’agir; on demanda des cavaliers de bonne volonté pour porter des cartouches à nos bataillons, qui s’avançaient en faisant un feu terrible sur les redoutes. Nos cavaliers, malgré te feu terrible de l’ennemi, s’empressèrent de porter des secours à leurs frères d’armes; rien ne ralentit leur ardeur. Un d’entre eux, nommé Mandement, remplit son sac de cartouches, se porte au galop vers nos bataillons, et leur dit : « Camarades, avez-vous besoin de cartouches? « Non, camarade, nous ne tirons plus; nous chargeons ces brigands-là à l’arme blanche. » En se retirant, ce cavalier aperçoit dans un pré huit ou dix soldats d’infanterie qui gardaient un drapeau. Croyant que c’étaient de nos troupes, il II) Applaudissements d’après le Journal de Perlei n* 470 au 16 nivôse an II) �dimanche 5 janvier 1794, p. 283.) marche vers eux avec sécurité, et hur dit eo avant d’une haie épaisse : « Camarades, vûüléz-vous des cartouches? — Apportez », lui crièrent-ils. Le cavalier franchit la haie; il reconnaît son erreur, mais trop tard; il était entouré. « Repds-toi », lui dirent-ils, se saisirent des rênes de àQn cheval, et s’emparèrent du passage. Ce cavalièt, faisant semblant de se rendre, jette à terré son sac de cartouches; ces brigands lâchent aussitôt les rênes pour 1e ramasser. Mandement aussitôt tire son sabre, frappe de droite et de gauche, de tous les côtés, saute sur le drapeau qu’il leur arrache, et se fait jour à travers la haie. A peu de distance de là il se vit entouré par 1e régiment ennemi, il 1e traversa au milieu du feu et des baïonnettes; mais, se voyant pris de tous les côtés, il fut obligé de 1e repasser une seconde fois, sans se dessaisir de son drapeau. Il distingue le colonel qui était en avant de son régiment, et tombe sur lui à coups de sabre, en criant à haute voix : « Voilà la cavalerie qui vient pour vous charger. » A peine eût-il lâché ce mot que te régiment ennemi, croyant la cavalerie déjà au milieu de ses rangs, jette bas ses armes, ses havresacs, et prend la fuite. Mandement se saisit du colonel et abandonne te drapeau. La prise du colonel était infiniment plus importante, puisqu’il en est résulté la déroute de ce régiment. Mandement, avec sa prise, rencontra le général Jourdan, qui était blessé, avec lequel il fit route jusqu’au quartier général. Ce cavalier a eu un reçu de l’adjudant général Ernouf, en date du 8 septembre dernier, qui constate qu’il a amené à Cassel un colonel allemand. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi aux comités d’instruction publique, et de Salut public, pour donner de l’avancement au citoyen Mandement (1). Suit le document des Archives nationales (2). Armée du Nord, 2e division, 6« régiment de cavalerie. Belle action du citoyen Mandement, cavalier audit régiment, lors de l’affaire d'Honds-choote. Le 6e régiment de cavalerie étant en bataille derrière les lignes d’infanterie, attendant le moment d’agir, on demanda des cavaliers de bonne volonté pour porter des cartouches à nos bataillons qui s’avançaient en faisant un feu terrible sur les redoutes. Nos cavaliers, malgré le feu terrible de l’ennemi s’empressèrent de por¬ ter secours à leurs frères d’armes, rien ne ralentit leur ardeur. Un d’entre eux, nommé Mandement, remplit son sac de cartouches, se porte au galop vers nos bataillons et leur dit : « Camarades, avez-vous besoin de cartouches! — Non, camarade, nous ne tirons plus, nous chargeons ces brigands-là à l’arme blanche ». En se retirant, ce cavalier aperçoit dans un pré, huit ou dix soldats d’in¬ fanterie qui gardaient un drapeau, croyant que c’était de nos troupes, il marche vers eux (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 306 (2) Archives nationales, carton F17 1008*, dossier 1630. 692 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j 1| janvier 'irai avec sécurité et leur dit en avant d’une liaie épaisse : « Camarades, voulez-vous des cartou¬ ches? — Apportez », lui crièrent-ils. Ce cavalier franchit la haie, il reconnaît son erreur, mais trop tard, il était entouré. « Rends-toi », lui crièrent-ils. Ils se saisirent des rênes de bride de son cheval et s’emparèrent du passage, ce cavalier faisant semblant de se rendre jette à terre son sac de cartouches, ces brigands lâchent aussitôt les rênes pour les ramasser. Mandement aussitôt lève son sabre, les frappe de droite et de gauche et de tous les côtés, saute sur le dra¬ peau qu’il leur arrache et se fait jour à travers la haie. A peu de distance de là il se vit entouré ar le régiment ennemi, il le traversa au milieu u feu et des baïonnettes, mais, se voyant pris de tous les côtés, il fut obligé de le repasser une seconde fois, sans se dessaisir de son drapeau. Il distingue le colonel, qui était en avant de son régiment; il tombe sur lui à coups de sabre en lui cnant à haute voix : « Voilà la cavalerie qui arrive pour vous charger ! » A peine eut-il lâché ce mot, que le régiment ennemi, croyant la cava¬ lerie déjà au milieu de ses rangs, jette bas ses armes, ses havresacs et prend la fuite. Mandement se saisit du colonel et abandonna le drapeau. La prise du colonel était infiniment plus importante puisqu’il en est résulté la dé¬ route de ce régiment. Mandement avec sa prise rencontre le général Jourdan qui était blessé, avec lequel il fit route jusqu’au quartier général. Ce cavalier a eu un reçu de l’adjudant général Ernouf en date du 8 septembre dernier, qui constate qu’il a amené à Cassel un colonel allemand. « Nous, membres du Conseil d’administration du 6e régiment de cavalerie, certifions que l’ac¬ tion du citoyen Mandement détaillée ci-dessus est véritable et à notre connaissance; certifions en outre que ce cavalier, depuis qu’il sert au régiment, s’y est toujours conduit en brave müitaire et bon républicain; en lui rendant jus¬ tice nous ne pouvons nous empêcher, et il est de notre devoir de mettre sous les yeux de la Convention, du ministre de la guerre et des gé¬ néraux son action héroïque, ou à la fois il a montré l’intelligence, le sang froid et le courage possible; nous osons espérer une récompense pour ce soldat républicain qui a si bien mérité. « Arrêtons que le présent mémoire sera porté au général en chef Jourdan qui a connaissance du fait, le prions en outre de vouloir bien le signer afin de l’adresser au ministre de la guerre pour que la Convention en soit instruite. « Au cantonnement de Favris, ce 17 frimaire deuxième année républicaine, signé Roussel, Saemdouck, Pelletier, Petit et Tardieu. « Vu et certifié l’exposé ci-dessus, dont j’ai été témoin. « Au quartier général du Petit-Failly, le 26 frimaire an deuxième de la République française une et indivisible. « Le général de brigade, ci-devant chef d’esca¬ dron au 6e régiment de cavalerie. « Signé : Soland. « Le citoyen Jourdan, qui était général de division à l’affaire de Hondschoote et qui avait sous ses ordres le 6e régiment de cavalerie, certifie que le citoyen Mandement, cavalier au¬ dit régiment a fait prisonnier le colonel autri - chien dont il est question ci-dessus et qu’il l’a conduit au quartier général à Cassel. « A la Réunion-sur-Oise, le 28 frimaire, 2e année républicaine, « Signé : Jourdan. « Pour copie conforme à l’original : « Le chef de brigade commandant le 6e régi¬ ment de cavalerie, « Signé : Tardieu. » Pour copie conforme : Le ministre de la guerre, J. Bouchotte. Compte rendu du Bulletin de la Convention (1). Belle action du citoyen Mandement, cavalier au 6e régiment, lors de l’affaire d’Hondscoote. Le 6e régiment de cavalerie étant en bataille derrière les lignes d’infanterie, attendant le moment d’agir, on demanda des cavaliers de bonne volonté pour porter des cartouches à nos bataillons qui s’avançaient en faisant un feu terrible sur les redoutes; nos cavaliers, malgré le feu terrible de l’ennemi, s’empressèrent de porter des secours à leurs frères d’armes; rien ne ralentit leur ardeur. Un d’entre eux nommé Mandement remplit son sac de cartouches, se porte au galop vers nos bataillons, et leur dit : « Camarades, avez-vous besoin de cartouches ! — Non, camarade ; nous no tirons plus; nous chargeons ces brigands-là à l’arme blanche. » En se retirant, ce cavalier aper¬ çoit dans un pré huit ou dix soldats d’infanterie qui gardaient un drapeau; croyant que o’ était de nos troupes, il marche vers eux avec sécurité, et leur dit en avant d’une haie épaisse : Cama¬ rades, voulez-vous des cartouches? — Apportez, lui crièrent-ils. Ce cavalier franchit la haie; il reconnaît son erreur, mais trop tard, il était entouré. Rends-toi, lui dirent-ils, ils se saisirent des rênes de son cheval et s’emparèrent du pas ■ sage. Ce cavalier, faisant semblant de se rendre jette à terre son sac de cartouches. Ces brigands lâchent aussitôt les rênes pour les ramasser. Mandement aussitôt tire son sabre, frappe de droite et de gauche, de tous les eôtés, saute sur le drapeau qu’il leur arrache, et se fait jour à travers la haie. A peu de distance de là il se vit entouré par le régiment ennemi, il le traversa au milieu du feu et des baïonnettes, mais se voyant pris de tous les côtés, il fut obligé de le repasser une seconde fois sans se dessaisir de son drapeau. Il distingue le colonel qui était en avant de son régiment, il tombe sur lui à coup de sabre, en criant à haute voix : Voilà la cavalerie gui arrive pour vous charger! A peine eut-il lâché ce mot que le régiment ennemi croyant la cavalerie déjà au milieu de ses rangs, jette bas ses armes, ses havresacs, et prend la fuite. Mandement se saisit du colonel et abandonne le drapeau. La prise du colonel était infiniment plus (I) Bulletin de la Convention nationale du 15 nivôse an II (samedi 4 janvier 1794); Moniteur universel [n° 106 du 16 nivôse an II (dimanche 5 janvier 1794]