ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 8 nivôse an 11 28 décembre 1793 412 [Convention nationale.] tyrannie cherchent à jeter de la défaveur sur le décret régulateur de la Révolution. « Pour¬ quoi, disent-ils, établir un gouvernement révo¬ lutionnaire? Pourquoi ce pouvoir concentré dans la Convention? Pourquoi ne pas mettre à exécution la Constitution acceptée par le peuple? » « Voici comme les sans-culottes leur répon¬ dent : « Plats et perfides discoureurs, c’est en vain que vous vous donnez tant de peines pour chercher à tromper un peuple qui toujours reconnaît les pièges que vous lui tendez; qui, depuis longtemps, n’est plus la dupe de votre prétendu attachement à des principes dont vous faites une application fausse et perfide. Nous ne nous laissons point tromper par le masque dont vous couvrez vos figures hideuses : votre piège était grossier; il est découvert. « Si nous avons su environner la représenta¬ tion nationale des témoignages de notre con¬ fiance et de notre adhésion dans les temps difficiles où elle frappait la tyrannie, lorsqu’elle abattait l’hydre du fédéralisme, nous saurons lui témoigner aujourd’hui que nous recevons avec reconnaissance le gouvernement provi¬ soire qu’elle vient de décréter, pour faire fruc¬ tifier la crise salutaire de la Révolution, pour l’abréger et hâter les moments où de fiers répu¬ blicains, couverts de lauriers, pourront goûter en paix le bonheur de la liberté. « Dès lors, la voix des hommes libres étouffa vos croassements inutiles. « Sachez-donc, vils intrigants, que votre règne est passé, car le peuple est instruit et a secoué en partie le joug de la superstition : chaque chaumière, chaque atelier est mainte¬ nant un lycée où les sans-culottes discutent sans prétention, mais sainement, les questions les plus importantes de la morale et de la poli¬ tique. Vous l’avez gouverné far son ignorance; il vous écrase par ses lumières : « Cessez aussi de croire que nos actes d’adhé¬ sion aux différents travaux de la Convention sont l’effet d’une impulsion reçue. Ils sont celui de la méditation, du raisonnement et de la conviction; vous allez en juger. Nous adop¬ tons, nous recevons le gouvernement révolu¬ tionnaire, parce qu’il est entre nos mains une arme formidable, avec laquelle nous attein¬ drons plus sûrement les malveillants qui vou¬ draient détruire la Constitution, dont ils fei¬ gnent de réclamer l’exécution. Nous l’adoptons, parce que l’autorité populaire de la Conven¬ tion n’inquiète que les ennemis de la patrie. « Nous suspendons l’exécution de la Cons¬ titution parce qu’elle est un trésor qui appar¬ tient exclusivement aux sans-culottes qui l’ont mis en réserve pour s’en partager les bienfaits, au moment seulement où ils auront purgé le sol de la liberté des aristocrates et intrigants qui y pullulent encore. « Nous l’adoptons enfin, ce gouvernement révolutionnaire, parce qu’il imprime à la Répu¬ blique naissante cette marche noble et rapide qui effraie les despotes, nos ennemis; com¬ mande l’estime et la confiance aux peuples neutres et doit bientôt nous en faire des alliés. « C’est ainsi, législateurs, que les sans-culottes de Pontarlier répondent aux sugges¬ tions perfides des malveillants; c’est à leur attachement invariable aux principes de la Montagne qu’ils doivent le bonheur de n’avoir jamais dévié du sentier qui conduit au temple de la liberté. » (Mention honorable.) Les citoyens composant l’état-major, et les aspirants du vaisseau de la République VEntre-prenant, répugnant à vendre à la patrie les choses utiles à sa défense, renoncent aux parts qui pourraient leur revenir dans les prises d’ob¬ jets relatifs aux approvisionnements de nos armées de mer et de terre. Ils joignent à leur adresse une somme de 106 liv. 5 sols pour les frais de la guerre. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit le document des Archives nationales (2). Les citoyens composant V état-major et les aspi rants du vaisseau de la Bépublique L’Entre¬ prenant, commandé par le citoyen Lefrancq, capitaine de vaisseau, à la Convention natio¬ nale. « Citoyens représentants, « Nous savons qu’il est un genre de sacri¬ fices aussi nécessaires au triomphe de la liberté que celui de nos vies, c’est l’abandon généreux de nos intérêts et de nos fortunes, surtout quand elles sont dé nature à pourvoir aux dé¬ penses considérables que nécessite chaque jour l’entretien de nos forces; nous nous reproche¬ rions d’avoir vendu à la patrie les choses utiles à sa défense tandis que cette bonne mère ne veille à nos besoins que pour nous donner. « Nous vous prions donc, citoyens représen¬ tants, de regarder cette pièce comme l’acte qui constate lé don que nous lui faisons des parts qui pourraient nous revenir dans les prises que nous ferons, d’objets relatifs aux approvisionnements de nos armées de mer et de terre, tels que blé, goudron, bray, bois de construction, mâtures, chanvres, fers, etc. Il nous tarde bien de sortir de la stagnation où nous sommes dans cette rade pour réaliser cette dette sacrée, et montrer à nos vils ennemis de quoi est capable la valeur de l’équipage discipliné de ce vaisseau. « En rade de Brest, le 28 frimaire 1793, l’an II de la République française, une et indi¬ visible. (Suivent 24 signatures. ) « Les . signataires, citoyens représentants, joignent à l’adresse une somme de 106 liv. 5 s. pour les frais de la guerre; puisse ce faible don être utile à notre patrie. « Le capitaine de vaisseau, « C. Lefrancq. » La Société populaire de Lodève envoie à la Convention nationale une renonciation faite en faveur des femmes, des braves défenseurs (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 13a. (2) Archives nationales, carton G 290, dossier 917, pièce 10. (.Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { 4 décembre 1793 . 41 3 de la patrie par le citoyen Valat, à une rente de ] Suit la lettre de la Société populaire régénérée 201 Iiv. 5 sols qui lui est due par la nation. | de la commune d’Eu (1) : Mention honorable, renvoi au comité de liqui¬ dation (1). La Société populaire de V erdun-sur-Garonne fait part à la Convention qu’elle vient de four¬ nir à la République un guerrier équipé à ses frais, dont elle s’est aussi chargée d’entretenir la femme, qui est indigente. Mention honorable (2). Suit la lettre de la Société populaire de Ver¬ dun-sur -Garonne (3). La Société des Amis de la liberté et de l'égalité séante à Verdun-sur-Garonne, à la Conven¬ tion nationale. « La Société populaire de Franciade nous a présenté des moyens infaillibles pour exter¬ miner les tyrans et sauver à jamais la Répu¬ blique; elle nous a invités, par son exemple et par ses écrits, de former une armée de jaco¬ bins, c’est-à-dire une troupe invincible. Nous avons suivi ses conseils avec la plus grande activité, et une seule séance a suffi à notre Société pour donner à la République le plus zélé des Montagnards, le plus intrépide des guerriers. « Il existera, dans son corps, ce généreux soldat, aux frais de la Société qui s’est aussi chargée de l’entretien de son épouse indigente; nous avons exigé de lui de la constance dans son patriotisme et son courage. « Citoyens représentants, invitez vous-mêmes tous les vrais jacobins à suivre spontanément cet exemple, déclarez que les Sociétés popu¬ laires qui l’auront suivi ont bien mérité de la patrie, et alors vous verrez bientôt le sol de la liberté défendu par des hommes intré¬ pides qui, détestant dans le cœur les des¬ potes et les tyrans, ne cesseront de com¬ battre que lorsqu’ils les auront entièrement anéantis. « Nous sommes, avec respect et fraternité, les membres composant la Société populaire de Yerdun-sur-Garonne. « Tirtbi, président; Rolland, secrétaire; Hourquet, secrétaire; Valete, secré¬ taire. » La Société populaire régénérée de la com¬ mune d’Eu envoie les provisions et la quittance de l’office d’élu, dont le citoyen Leseigneur fait don à la patrie pour ce qui lui en reste dû-Mention honorable (4). (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 135. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 136. (3) Archives nationales, carton C 292, dossier 936, pièce 8. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 136. La Société populaire régénérée des sans-culottes de la commune d’Eu, district de Dieppe, départe¬ ment de la Seine-Inférieure, aux citoyens pré¬ sident et membres composant le comité des finances de la Convention nationale. « A Eu, le 27 frimaire, an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyens représentants, « La Société populaire régénérée de la com¬ mune d’Eu, ayant reçu du citoyen Charles Le Seigneur, son président, l’offrande patriotique qu’il fait, en faveur de nos braves frères qui combattent les ennemis de la République, de la seconde moitié de la finance de l’office d’élu qu’avait obtenu feu son père, et dont la pre¬ mière moitié a été précisément donnée en 1790 pour la contribution patriotique, le tout en son nom et en celui de la seconde femme de son père. La société s’empresse de vous transmettre le vœu du citoyen Le Seigneur; elle joint ici les provisions et la quittance de cet office dont il a fait à cet effet la remise à la société. « Salut et fraternité. » (Suivent 12 signatures.) Les officiers municipaux de la commune de Vesoul, déposent sur l’autel de la patrie le restant de l’argenterie de leur église. Mention honorable (2). Suit la lettre des officiers municipaux de la com¬ mune de Vesoul (3). Copie de la lettre écrite au Président de la Con¬ vention nationale, le 7 frimaire, 3e mois de Van II de la Républigue française, une et in¬ divisible. Les maire, officiers municipaux et procureur de la commune de Vesoul, au Président de la Con¬ vention nationale. « La commune de Vesoul connaît les besoins de la République; elle est persuadée que dé¬ sormais les matières précieuses ne doivent plus avoir d’autre usage que celui d’aider à anéantir les ennemis de la liberté. Convaincue qu’il faut battre les tyrans avec les choses mêmes dont ils faisaient parade et avec les instruments que la superstition avait créés pour éblouir ec sé¬ duire les peuples; convainoue que la divinité, exempte de faiblesse humaine, se contentera d’un culte simple exercé par des adorateurs libres et patriotes, elle dépose sur l’autel de la patrie 132 marcs 4 onces 1 gros de vermeil, le tout (1) Archives nationales, carton F:7 1008!, dos¬ sier 1496. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 136; (3) Archives nationales, carton G 290, dossier 917; pièce 6.