SÉANCE DU 24 BRUMAIRE AN III (14 NOVEMBRE 1794) - N08 11-12 191 nail du vaisseau de l’état, tous les flots des factions viendront se briser à tes pieds : maintiens dans sa pureté primitive le gouvernement révolutionnaire : flétris le lâche égoisme : surveille le malveuillant hypocrite : frape à mort l’aristocrate conspirateur, pardonne au patriote qui ferme sur les principes a pû se laisser momentanément égarer sur des faits, poursuis le brigandage, punis l’immoralité, tous les genres de coquinismes, sous quelques masques qu’ils se couvrent, encourage le talent modeste et vertueux : ravive le commerce, fais fleurir l’agriculture, organise par de bonnes loix que la France attend encore, l’instruction publique, la puissance d’une grande nation dont tu disposes et qui ne voit que toi... Voilà tes moyens. Le sourire aprobateur de la patrie sauvée... Voila ta récompense. Salut et fraternité. Dupuy, président, Mouliérac, Mattiè, secrétaires et 36 autres signatures. 11 Le conseil général de la commune de Cusset, département de l’Ailier, applaudit à l’Adresse aux Français, demande la prompte organisation de l’instruction publique, le rétablissement de la mémoire des innocentes victimes qui ont péri sous le poignard des assassins, et que les fonctionnaires publics rendent compte de leur fortune avant et depuis la révolution. Mention honorable, insertion au bulletin (28). [Le conseil général de la commune de Cusset à la Convention nationale, le 5 brumaire an 11I\ (29) Nous l’avons lue cette adresse aux français ! Les sentimens sublimes que vous y avez développés, ont pénétré nos âmes de la plus vive reconnoissance pour nos représentans. Nous nous sommes enorgueillis de nos choix. Qu’ils restent donc à leur poste, nous sommes nous écriés d’une voix unanime, ces équitables législateurs ? qu’ils apprennent à nos ennemis qu’un gouvernement fondé sur la justice et l’humanité, est inébranlable ? qu’ils nous donnent promptement ce plan d’éducation qui doit former des républicains dignes d’eux? qu’ils continuent à frapper ces vautours qui cher-choient à établir le trône sur des monceaux de cadavres ? qu’ils prennent les moyens pour rétablir la mémoire des innocentes victimes qui ont péri sous le couteau des assassins? pour connoitre les hommes vraiment probes, qu’ils fassent rendre compte aux fonctionnaires publics de leur fortune avant la révo-(28) P.-V., XLIX, 146. Bull., 25 brum. (29) C 324, pl. 1397, p. 11. lution et depuis la révolution ? nos coeurs, nos bras seront toujours prêts à les soutenir dans leurs glorieux travaux. Fait en la maison commune de Cusset, en assemblée générale du conseil, le cinquième jour de brumaire l’an troisième de la République française, une et indivisible. Boudas, maire, Destré, trésorier, Auquier, officier municipal, Durand, secrétaire-adjoint, Lebeuf, secrétaire général et 21 autres signatures. 12 Les citoyens composant la société populaire de la commune de Donzy, [district de Cosne], département de la Nièvre, prémunissent la Convention contre ces cris que l’aristocratie lève la tête ; ils assurent que c’est une manoeuvre des intrigans aux abois, qui ne savent plus comment attaquer la Convention au milieu d’un peuple éclairé, par les maux qu’il a soufferts sous leur règne et celui de leur chef. Mention honorable, insertion au bulletin (30). [La société populaire de Donzy à la Convention nationale, le 5 brumaire an III] (31) Liberté, Égalité, haine éternelle aux tyrans ! Réprésentants L’épreuve d’où nous sortons est un nouveau passage de la servitude à la liberté. La nation est encore une fois régénérée. Votre adresse rappelle à la vie tous les citoyens autres que ceux qui y sont désignés. Oui, sans doute, quand les agitateurs seront déconcertés dans chaque commune, c’est alors que l’on verra touts les partis tomber et s’éteindre d’eux-mêmes ; mais il était tems, à l’exemple des soldats de la République, de marcher au pas de charge et la bayonnette en avant, contre tous les factieux et les intrigants répandus dans l’intérieur, pour les comprimer à leur tour et les réduire à l’impuissance de nuire davantage. Vous avez séché les larmes de plusieurs milliers d’infortunés que ne se souviennent plus de ce qu’ils ont souffert dès que les maux de la patrie se guérissent, vous avez assuré un asile à la vertu, et l’immoralité est rentrée dans son cloaque. Tout semble renaître aux noms sacrés de justice et d’humanité. Les citoyens ont recouvré l’usage des sens et de la parole, ils osent enfin se régarder et déjà le sourire de la confiance brille sur leurs figures. Les épanchements de l’amitié et de la fraternité succéderont bientôt au silence sombre et farouche de la terreur, ce qui prouve clairement que le système inquisitorial est mortel à la liberté et favorable à ses ennemis. (30) P.-V., XLIX, 146-147. Bull., 24 brum. (31) C 326, pl. 1417, p. 15. Bull., 24 brum.