60 [Convention nationale.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES. ! l‘r im ôso an n ( 21 décembre 17*M tuées, d’y terrasser le fanatisme et d’y raviver l’esprit public. « Soyez persuadé, citoyen Président, que je m’acquitterai vigoureusement de ces impor¬ tantes fonctions et que je mériterai toujours de plus en plus le titre glorieux que m’ont donné mes concitoyens : « Celui d’apôtre de la liberté. « Le jacobin Dorfeuille, commissaire national. » Tribunal révolutionnaire de Commune-Affranchie (1). Arrêté des représentants du peuple envoyés à Commune-Affranchie. Au nom du peuple français, Les représentants du peuple, envoyés dans la Commune-Affranchie pour y assurer le bonheur du peuple avec le triomphe de la Répu¬ blique, dans tous les départements environ¬ nants, et près l’armée des Alpes; Considérant que la Commission révolution¬ naire, établie par leur arrêté du 7 frimaire, remplit ses fonctions de manière à ne laisser après elle aucun conspirateur à juger; que l’existence des Commissions précédemment for¬ mées pour le même objet, et qui ont été suspen¬ dues, devient absolument inutile, et laisse dans l’inactivité des hommes dont le patriotisme et les lumières peuvent être employés utilement à d’autres fonctions pour l’intérêt de la Répu¬ blique; Arrêtent que les deux Commissions, connues sous le nom de tribunal révolutionnaire et de Commission militaire, cesseront définitivement d’exercer toutes fonctions judiciaires, à dater de la notification du présent. Commune-Affranchie, 19 frimaire, l’an II de la République française. Signé : Fouché, Collot-d’Herbois, Laporte. Lettre du ministre de la justice, à l'accusateur public du tribunal révolutionnaire de Commune-Affranchie. « Paris, ce 8 frimaire de l’an II de la Répu¬ blique française. « J’ai reçu, citoyen, le procès-verbal de l’ins¬ tallation de la Commission de justice populaire, établie à Ville-Affranchie, la liste des contre-révolutionnaires de Lyon, condamnés à mort depuis le 10 brumaire jusqu’au 25 exclusive¬ ment, ainsi que les imprimés de quelques juge¬ ments rendus par la Commission. « Elle subit donc enfin la peine due à ses for¬ faits, l’infâme coalition des aristocrates, roya¬ listes et fédéralistes qui s’était formée dans le département de Rhône-et-Loire ! Le zèle et l’énergie que la Commission populaire et toi ont déployés jusqu’à ce jour dans le jugement de ces scélérats, m’ont causé la plus vive satis¬ faction. (1) Archives nationales, carton C 293, dossier 958 pièce 5 « Continuez, magistrats républicains, à pour¬ suivre ainsi les conspirateurs, et bientôt la République, sauvée au dedans par vos travaux assidus, repoussera avec avantage les satellites des despotes. « Je t’ai déjà adressé, citoyen, les lois révo¬ lutionnaires, ainsi que les autres lois que tu m’avais demandées. « Toujours le même courage, toujours la même constance, et nous sommes certains de triompher. Quand, comme toi et comme tes collègues, on brûle du feu sacré qui embrase l’âme de Couthon et de Laporte, on ne connaît point d’obstacles : on s’élance droit au but et on l’atteint. « Le ministre de la justice, « Signé : Gohier. » Le citoyen Chenal, caporal au 19e bataillon des chasseurs, qui avait été fait prisonnier par les brigands, envoie, pour les frais de la guerre, un assignat de 5 livres faisant partie de 10 livres qu’un de ses parents lui a envoyées pour se pro¬ curer des secours (1). Suit la lettre du citoyen Chenal (2). Au citoyen Président de la Convention nationale. « Caen, le 18 frimaire, l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible. « Citoyen Président des Montagnards, « J’implore ta clémence ainsi que celle de toute la sainte Montagne, j’ai été fait prisonnier à Fougères par ces vils brigands de la Vendée, aussi féroces que barbares; j’ai resté huit jours entre leurs mains entre la vie et la mort. Mais la mort n’est rien pour un républicain qui meurt pour la défense de la patrie; voyant assassiner, fusiller des camarades, je résolus de moi-même de m’ôter la vie plutôt que de passer entre les mains de ces brigands; par trois fois je me suis mis la corde au cou pour m’étrangler, et par trois fois, il est venu à ma pensée que si je pouvais me retirer des mains barbares de ces scélérats, que j’aurais encore l’espoir de rendre service à ma patrie. Je m’imaginai donc la pre¬ mière nuit de chercher à m’évader, je résolus de m’en aller par la cheminée; j’exécutai mon projet, mais quelle surprise pour moi de voir que, quand je fus au haut de la cheminée, je ne pouvais plus passer, cela était trop étroit. Je redescendis pour attendre le sort qui devait m’arriver. Nous restâmes donc huit jours dans leurs mains dont ils nous donnèrent à manger que le troisième jour; ils nous disaient, en leur en demandant, qu’ils n’en avaient pas seule¬ ment pour eux. Effectivement, nous eûmes la liberté de sortir du château pour aller à la ville chercher à manger où nous pourrions; là, eux-mêmes, ils se battaient à la porte des boulangers pour avoir du pain; enfin, au bout de huit jours, ils nous ont renvoyés en nous rasant la tête. « C’est donc ainsi, dignes Montagnards, que j’implore votre clémence pour me faire le plaisir (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 6. (2) Archives nationales, carton C 293, dossier 960.