SÉANCE DU 22 FRUCTIDOR AN II (8 SEPTEMBRE 1794) - N° 31-34 361 tyrannie, vous offre un léger tribut de son ardent amour pour la République. Vous avez eu le courage de proclamer le décret de l’être suprême qui proscrit les tyrans. Nous avons fait choix d’un de nos frères animés du désir d’être un des exécuteurs de ce décret. La médiocrité de nos fortunes nous réduit au regret de ne vous en offrir qu’un mais nous vous assurons que vous nous trouverez toujours prêts à voler aux dangers dès que la voix de la Convention nationale nous y appelera. Représentants du peuple, recevez le serment que fait notre frère de se hâter de joindre nos intrépides défenseurs, d’achever avec eux de dissiper cette secte d’esclaves qui n’oppose déjà plus à l’ardeur républicaine qu’un foible rempart qui ne peut garantir longtemps les despotes du coup de la foudre que vous avez forgé pour les anéantir, il jure que sur les débris épars des trônes que vous avez ébranlés, il fera entendre le cri Vive la Liberté, Vive la Révolution, Vive la Convention nationale. Lebrigant, Courtois, Lapierre, Hardon, Ha-GUET. 31 Le représentant du peuple Peyssard, au camp des Sablons, écrit à la Convention nationale qu’un très-grand nombre des élèves de l’Ecole de Mars ont déjà demandé à partir pour les frontières. Insertion en entier au bulletin (63). [Le représentant du Peuple près l’Ecole de Mars au président de la Convention nationale, du camp des Sablons, le 22 fructidor an II] (64) Citoyen président, Ceux qui sont venus à la barre manifester des inquiétudes sur la nombreuse artillerie du camp des Sablons scavent bien que pour exercer trois cents élèves à la fois il faut quarante pièces de canon de tous calibres; ils scavent bien que pour leur apprendre l’usage d’un mortier, d’un obuzier, d’une pièce et d’un affût de siège, il était indispensable de leur mettre ces divers objets sous les yeux; ils scavent bien qu’il ne se fait rien à l’école de Mars qu’en vertu des décrets de la Convention, ou des arrêtés du comité de Salut public; mais ils scavent aussi que c’est contre eux, c’est-à-dire contre les ennemis de la liberté qu’on travaille à cette école et que leur grand intérêt est de la dissoudre; ils voudraient, pour y parvenir donner le change sur leurs véritables intentions et faire prendre les allarmes de l’aristocratie pour celles du patriotisme, mais le piège est trop grossier pour être à craindre. (63) P.-V., XLV, 151. Débats, n° 718, 375; Ann. R. F., n° 280; J. S.-Culottes, n° 571; Rép., n° 263. (64) C 318, pl. 1 290, p. 1; Bull., 23 fruct. Moniteur, XXI, 704; M. U., XLIII, 389-390; J. Paris, n° 617; Ann. Pair., n° 617; F. de la Républ., n° 429; J. Fr., n° 714; J. Perlet, n° 716. C’est encore pour obtenir cette dissolution qu’ils répandent partout que les élèves de Mars attendent avec impatience leur retour dans leur foyer. Citoyen président, dis au contraire à la Convention nationale qu’un très grand nombre m’ont déjà demandé de partir pour les frontières, et que tous continuent à se livrer à l’instruction avec autant de plaisir que de succès; dis-lui qu’une reconnoissance sans bornes et une soumission entière à ses décrets sont les deux sentimens qui animent et animeront constament les élèves de l’école de Mars. Salut et fraternité. Peyssard 32 Le citoyen Lazzary, entrepreneur du théâtre des Variétés amusantes, boulevard du Temple, dépose sur le bureau le produit d’une représentation destinée aux veuves et orphelins de nos frères morts par l’explosion de Grenelle, montant à 410 L. Les artistes réunis de ce théâtre ont joint à cette somme celle de 140 L. Mention honorable, insertion au bulletin (65). [Le citoyen Lazzary à la Convention nationale, s. d.] (66) Citoyens Représentans, Lazzari entrepreneur du théâtre des Variétés amusantes, boulevard du Temple, vient déposer sur le bureau la recette montant à la somme de quatre cent dix livres d’une représentation consacrée à soulager les veuves et orphelins de nos frères morts à la plaine de Grenelle. Les artistes réunis de ce théâtre ont joint à cette somme celle de cent quarante livres produit d’un jour de leurs appointemens. Agréez ce faible tribut comme une marque de leur dévouement, et de leur civisme. Ils jurent de n’employer leurs talens que pour propager le républicanisme, dans l’esprit de leurs concitoyens. Vive la République. Vive la Convention. 33 Le président annonce qu’il vient de recevoir une lettre chargée qui paroît écrite en anglais, et qui étoit entre deux planches. On en demande le renvoi au comité de Salut public, après avoir été paraphée par le président et les secrétaires. Décrété (67). (65) P.-V., XLV, 151. Bull., 25 fruct. (suppl.); Moniteur, XXI, 704; F de la Républ., no 429; J. Fr., no 714; M. U., XLIII, 362; J. Mont., n® 132. (66) C 318, pl. 1 295, p. 6. (67) P.-V., XLV, 152. F. de la Républ., no 429; Ann. R. F., no 281; J. Fr., no 714; Rép., n» 263; M. U., XLIII, 364; J. Mont., no 132.