SÉANCE DU 14 VENDÉMIAIRE AN III (5 OCTOBRE 1794) - N08 11-13 303 cours et les consolations de la patrie, en pressant contre nos coeurs ces êtres que leurs cheveux blanchis sous les ans et les travaux rendent si respectables et que leurs malheurs rendent si intéressants. Nous sommes persuadés que les autres districts de la République animés des mêmes principes mettront la même activité que nous dans la formation du livre de la bienfaisance nationale et que dans peu vous pourrez rendre le décret tant désiré qui déterminera l’époque du payement du premier semestre aux citoyens qui auront obtenu l’inscription. Caille, président, Delerue, agent national, Cossart, Dufresne, Leduecq, Delalleau fils. 11 Les administrateurs du district de Nantes [Loire-Inférieure] annoncent que des biens d’émigrés, estimés 180 mille 83 L 11 s., ont été vendus 540 mille 50 L, et que le montant des ventes s’élève à un million 716 mille 450 L. Insertion au bulletin, et renvoi au comité des Finances (15). 12 La société populaire de Montagne-sur-Aisne [ci-devant Sainte-Menehould, Marne] témoigne toute son indignation de la tyrannie exercée sur le représentant du peuple Drouet, son compatriote, et invite la Convention à prendre des mesures pour arracher à la férocité et à la lâcheté l’homme rare que la trahison a livré. Mention honorable, et insertion au bulletin (16). [La société populaire de Montagne-sur-Aisne à la Convention nationale, du 2ème jour s.c. an 77.] (17) Citoyens représentans, A la vive impression que nous a faite la lecture de la lettre de vos collègues, insérée au Bulletin du 24 fructidor, s’est mêlée une soudaine horreur qu’a fait naître l’attrocité rafinée de l’odieux royalisme, exercée sur la personne d’un représentant du Peuple français, sur Drouet, notre compatriote, notre ami, notre frère, durant sa captivité à Bruxelles. Dans un premier mouvement, il a été proposé de nommer deux membres de notre société, pour aller vous faire entendre les accens de la douleur, le cri de l’indignation de tous les sans-culottes qui la composent : ils eussent été chargés de vous demander à mettre en oeuvre les moyens les plus propres pour tirer d’esclavage cette victime des brigands couronnés. Mais l’existence de votre décret qui assigne une place à jamais mémorable aux vils et hideux instrumens du despotisme, est pour nous, pour la France entière, l’assurance des mesures que vous prendrez dans votre sagesse, pour arracher à la férocité et à la lâcheté l’homme rare que la trahison leur a livré. On dit qu’ Achille était vaillant et féroce. Mais est-ce donc un Achille, ce François, vaincu à Fleuras et que la baïonnette républicaine n’a pu depuis atteindre? Est-ce donc un Achille, ce Georges, incendiaire à Toulon, qui n’a pas attendu l’arrivée de nos légions pour prendre le large?... Est-ce donc un Achille, ce Guillaume, désolateur il y a deux ans de notre territoire et qui trafiqua de sa fuite avec l’infâme Dumou-riez?... Non, Législateurs, ce sont des monstres que leur cruauté a érigés en dominateurs, que la frayeur a monarchisés; mais sur lesquels la massue d’un peuple digne de la liberté, frappe avec la véhémence de l’aquilon qui dirige les noirs orages et balaie la vile poussière. Citoyens représentans, hâtez l’anéantissement de ces cannibales : soyez pour eux la tête de Méduse, comme vous êtes pour nous le palladium de la République. Salut et fraternité. Fracy, président, Chouet, Gambet, secrétaires. 13 La société populaire de La Rsqasse et Laubepin, département du Rhône, félicite la Convention sur ses travaux. Insertion au bulletin (18). [La société populaire des communes de la Ra-jasse et Laubepin, district de la Campagne, à la Convention nationale, de Larajasse, le 19 fructidor an 77] (19) Citoyens législateurs, Pour la première fois la société populaire de Larajasse et Laubepin adresse à la Convention nationale des félicitations et des voeux. Jusqu’au jour à jamais mémorable où le génie tutélaire de la République où la Convention nationale a déployé le courage et la vertu, appa-nage étemel des seuls vrais Représentans du peuple français. La société populaire de Larajasse et Laubepin composée en totalité de cultivateurs avoit gardé un morne silence; elle (15) P.-V., XLVI, 280. Bull., 16 vend, (suppl.). (16) P.-V., XLVI, 280. Bull., 24 vend, (suppl.). (18) P.-V., XLVI, 280. Bull., 15 vend.; Aura. Patr., n” 644. (17) C 322, pl. 1351, p. 15. (19) C 322, pl. 1351, p. 16. 304 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE avoit vu la Convention dominée par des conspirateurs, des hipocrites, des imposteurs qui, les mots de liberté, de République à la bouche méditaient la ruine totale de leur patrie, la mort de la Convention. Avant le 9 thermidor le temple de la liberté était entouré d’un rang d’assassins. Qui eut osé parler de l’oppression, du joug de fer sous lequel gémissoient les cultivateurs, c’était se dévouer à la mort. Un voile funèbre couvrait la République, la mort, l’assassinat, le brigandage étaient à l’ordre du jour ; le malheureux cultivateur éperdu laissoit échapper de ses mains le manche de sa charrue ; la terreur était dans son coeur, le massacre sous ses yeux, le brigandage dans sa maison : tous croyoient avoir le droit de l’opprimer. Un jour de plus la liberté, la République disparoissoient à jamais, la France avoit un tiran pour maître. Un maître! un tiran à des Républicains! Sauvez-nous, sages législateurs, de ce comble d’horreur. Plus heureux que nous les citoyens de Paris vous ont fait un rempart de leurs corps ; la vertu a fait pâlir et reculer le crime, la liberté a triomphé, et les cris de vive la République, vive la Convention se sont fait entendre de toutes parts. L’aurore d’un beau jour commence seulement à luire; vous avez, sages représentans, fait votre devoir, nous faisons le nôtre; nous combattrons, nous périrons pour vous, pour le maintien de la liberté; nous ne reconnoitrons, nous n’obéirons jamais qu’à vos décrets ; restez inébranlables à votre poste. Le crime, la tirannie voudraient vous en exclure. La liberté, la République, tous les vrais, les seuls patriotes vous invitent, vous commandent d’y rester ; nos bras, nos vies, notre foible fortune, tout est à la patrie; démasquez les hipocrites, chassez les fripons, punissez les coupables et les traitres ; ne confiez les places qu’à la probité, aux moeurs, au patriotisme, et bientôt du comble du malheur, le peuple français parviendra au point de gloire et de bonheur que lui prépare la sagesse de ses vertueux représentans. Vive la République! Vive la Convention! Les membres composant la société populaire de Larajasse et Laubepin, J.-P. Thore, président, J. POULAT, P. Vernay, secrétaires. 14 Le citoyen Garnier, directeur de l’agence nationale de l’enregistrement et des domaines nationaux, département de la Nièvre, fait hommage d’un opéra en vaudevilles, qui a pour titre : Apothéose de Marat , inauguration de ses cendres et celles de J.J. Rousseau au Panthéon. Mention au procès-verbal, et renvoi au comité d’instruction publique (20). 15 L’agent national du district d’Evron, département de la Mayenne, annonce à la Convention qu’il fait passer à la Trésorerie nationale 44 marcs 7 onces d’argent, 21 marcs 4 gros de galon d’or, et 24 marcs 7 onces de galon d’argent, provenant des églises du district. Mention honorable, insertion au bulletin (21). 16 La société populaire de Ceyzerieu, département de l'Ain, écrit à la Convention que le représentant du peuple Boisset déjoue les trames des intrigans dans le département; elle félicite la Convention de son énergie (22). 17 Les citoyens composant la société populaire de Bailleul [?], demandent d’examiner si la liberté indéfinie de la presse ne doit pas être restreinte pendant le gouvernement révolutionnaire. Us ajoutent que les prêtres, les ex-nobles et les fédéralistes minent sourdement le gouvernement; ils en demandent le maintien. Renvoyé aux comités de Législation, de Sûreté générale et de Salut public (23). 18 Des biens d’émigrés, estimés 3 936 L, ont été vendus dans le district de la Sarthe [sic], 13 400 L : l’agent national du district qui donne cet avis, assure qu’il y reste pour plus de deux millions de biens à vendre. D’autres biens, estimés 9 000 L, ont été vendus 35 000 L, dans le district de Mar-cigny [Saône-et-Loire]. Insertion au bulletin, et renvoi au comité des Finances (24). 19 Le conseil d’administration du septième bataillon de l’Yonne annonce à la Convenir) P.-V., XL VI, 280. Bull., 21 vend, (suppl.). (22) P.-V., XL VI, 281. Bull., 24 vend, (suppl.). (23) P.-V., XL VI, 281. (20) P.-V., XL VI, 280. Bull., 16 vend, (suppl.). (24) P.-V., XLVI, 281. Bull., 16 vend, (suppl.).