[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. �n�embre 1793 197 les abus et de tous les vices, elles laissaient tou¬ jours le peuple dans l'avilissement et l’escla¬ vage. « Mais vous, législateurs, plus éclairés, plus sages et plus dignes de la confiance des peuples, vous avez frappé du même coup tous les genres d’oppression qui nous écrasaient de leur poids, et vous avez englouti dans le même tombeau, le sceptre, le trône et le tyran, en sorte qu’il ne nous restera plus de cette puissance oppres¬ sive que le souvenir de son existence passée. « Tant de bienfaits sembleraient devoir nous borner, dans cette adresse, à des témoignages de gratitude; cependant, législateurs, le trône détruit, la caste nobiliaire anéantie, l’aristocratie et le fanatisme enchaînés ne suffisent pas pour assurer notre bonheur; il nous reste encore, d’une part, des ennemis dont l’anéantissement exige de puissants moyens, de sages mesures et de vi¬ goureux efforts, et, de l’autre, de grands crimi¬ nels à punir, car, législateurs, vous le savez, lusieurs de nos frères, de nos meilleurs répu-licains, ont été cruellement assassinés, les villes de Lyon, de Marseille et de Toulon ont été arrosées de leur sang, et leurs bourreaux respirent encore ! « Vengeance, citoyens représentants, ven¬ geance de cette étrange violation de tous les droits les plus sacrés de la nature, dont on n’a pas d’exemple chez les peuples les plus barbares, et de ces horribles attentats à la souveraineté nationale ! Le seul espoir de l’obtenir peut con¬ tenir notre indignation, c’est de vous que nous l’attendons, et toutes nos voix s’unissent et n’en font qu’une pour vous la demander. « Nous pensons donc ne pouvoir mieux par¬ venir à notre but, qu’en vous invitant à de¬ meurer au poste où les véritables républicains s’applaudissent de vous avoir appelés et de tenir dans vos mains les rênes de l’Etat et l’exercice du souverain pouvoir, pour autant de temps que la patrie sera en danger, et jusqu’à ce que vous ayez assuré notre gouvernement répu¬ blicain dont vous avez posé avec tant d’effica¬ cité les premiers fondements. Tels sont, citoyens législateurs, les désirs et les vœux de nos frères et amis les membres composant la Société républicaine de Saint-Marcellin. « Rodet, président; Lantelme, secrétaire. » N° 55. La Société populaire de Pau, à la Convention nationale (1). « Pau, le 25e jour de l’an second (sic) de la République française, une et indivisible. « Législateurs, « Et nous aussi, nous vous demandons de rester à votre poste, jusqu’à ce que tous nos ennemis soient dans l’impuissance absolue de détruire votre ouvrage; jusqu’à ce qu’ils ne puissent, par aucun moyen, empêcher le peuple qui bénit, (1) Archives nationales , carton C 281, dossier 775. en souffrant, vos efforts courageux, de se lier dans toute la République >our l’unité d’ exécu¬ tion de toutes les lois bienfaisantes que vous faites pour sa régénération et son bonheur. » La Montagne, qui a enfanté ces lois au mi¬ lieu des orages, est la seule que nous croyons capable du courage et de l’affection nécessaires pour les suivre dans leur propagation et leur exécution. « Nous vous avons béni par des cris de : Vive la Montagne ! à la réception de celles qui fixent le prix des subsistances et des denrées de pre¬ mière nécessité. Nous n’avons pas eu besoin d’en réclamer l’exécution. Les autorités cons¬ tituées de cette ville, qui viennent d’être puri¬ fiées par , vos dignes collègues Monestier et Pinet, s’empressent d’elles-mêmes d’en faire jouir le peuple. « Nous venons de vous (sic) demander de donner le dernier coup de massue à l’agiotage, en faisant disparaître, en anéantissant la valeur de la monnaie métallique, et en ordonnant que toutes ces pièces, empreintes de l’effigie du monstre qui a voulu notre perte, soient portées dans les ateliers de monnaie pour être réduites en lingots, et n’en sortir que pour être reportées, au besoin, dans la circulation avec le seul coin de la République et de la liberté, si jamais il est jugé nécessaire. « Cette mesure est la seule qui puisse gué¬ rir le peuple de l’aveuglement où l’ont plongé les meneurs infâmes qui le conduisaient à sa perte; la seule qui puisse le ramener à penser qu’on ne le trompe pas en lui donnant, en échange de ses denrées et de son travail, une monnaie qui sera unique dans l’État; la seule qui lui fera sentir l’importance de vos lois qui fixent le prix de ces denrées, et qui le fera s’y prêter avec confiance; la seule qui lui apprendra qu’il se ruinait en donnant à un prix trop modique sa denrée et son travail au traître qui lui présentait la mon¬ naie métallique pour laquelle il lui avait fait naître une passion trompeuse, une passion qui lui faisait rechercher et servir ce monstre qui ne voulait que sa perte. « Législateurs, toutes ces précautions man¬ queraient leur but si elles n’étaient secondées et soutenues par celle qui vous est demandée de tous les points de la République et qui doit marcher de front avec toutes les autres, celle de purger nos armées de tous les chefs qui y ont été placés par les agents du complot liberti-cide dont nous venez de livrer aux tribunaux une petite partie. « On vous crie de toutes parts que les chefs des armées méditent, le jour et la nuit, les moyens de nous trahir, on vous demande avec instance de les destituer tous et vous ne l’avez encore fait que pour ceux qui sont venus à bout de nous livrer ouvertement sous le feu et le fer des tyrans lâches, qui ne nous assassinent que par trahison. « Nous sommes ici à portée d’observer les armées des Pyrénées, et nous pouvons vous as¬ surer que les soldats de la liberté qui les compo¬ sent, eussent mis en pièces les esclaves du roi d’Espagne, renvoyé honteusement les plus agiles porter les fers de leur tyran sur leur territoire fanatisé, si ceux qui les commandent l’eussent bien voulu. Mais nous Usons avec effroi que l’armée de Perpignan est commandée par M. d’Aoust, parce que nous savons qu’un ex-marquis, qu’un ex-constituant, qui a cons¬ tamment siégé au côté droit de l’Assemblée, qui a passé ensuite dans nos armées sous La- [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j Membre îîæ 198 fayette, sous Dumouriez, sous Custine, et qui a été appelé dans l’armée des Pyrénées par Mon¬ sieur Servan (cet autre traître qu’on s’est con¬ tenté de destituer) ne peut servir la liberté. « Nous ne voyons pas avec plus de tranquillité un M, Sahuguet d’Espagnac à la tête de la division de nos troupes de la vallée d’Aran, parce que nous savons aussi que le parent et le compagnon d’études de l’abbé d’Espagnac, ce serviteur esclave des Calonne et Dumouriez, n’est pas fait pour aimer et bien conduire les sans-culottes dont sa famille a toujours fait un trafic infâme. « Législateurs, si vous ne vous hâtez d’achever l’apurement de la Convention, de la délivrer de tous les membres gangrenés qui l’infectent encore, et de prononcer non seulement la des¬ titution d« ces habitants du marais fangeux et de tous les agents répandus dans nos armées, mais encore la chute prompte sous le glaive de la loi, de tous ceux qui sont pris en flagrant défit, et l’emprisonnement jusqu’à la paix de tous les autres, vous vous éloignez d’autant du but que vous vous proposez : celui de sauver la patrie. , « Telle est l’opinion et tels sont les vœux des républicains de Pau. « Houneau, président; Dulàurière, secré¬ taire ; Dueresnoy. » N° 50. Adresse de la Société des Amis de la liberté et de l'égalité de Mur-de-Barrès, département de l'Aveyron, à la Convention nationale (1). « Mur-de-Barrès, le 10e jour de la 3e dé¬ cade du 1er mois de l’an II de la Répu¬ blique française, une et indivisible et im¬ périssable. « Citoyens représentants, « Votre mission, vos serments vous obligent de sauver la République; vous avez beaucoup fait, vous n’avez pas fini. Restez à votre poste jusqu’à la fin. C’est votre devoir, c’est le vœu de vos. commettants. Votre tâche est pénible, elle a des dangers, elle vous a acquis et vous acquerra de la gloire. Nous avons célébré le martyre de Lepeletier et de Marat, nous allons célébrer celui de Beauvais. « Huet, président; Rigal, secrétaire; Lanaisse secrétaire. « P. -S. Nous apprenons que Roux, membre du directoire, et premier suppléant du départe¬ ment de l’Aveyron, après avoir prudemment refusé d’aller remplacer l’infâme Valady, et cédé la place à Carrier, excellent patriote, a, par une supercherie digne de lui, arrêté le départ de Carrier, et se propose de siéger parmi les repré¬ sentants de la nation. « Nous vous déclarons qu’il a figuré avanta¬ geusement parmi les fédéralistes de cette (IJ Archives nationales, carton G 281, dossier 779. Administration. Les pièces qui le prouvent vous ont été envoyées; elles sont encore entre les mains de Chabot et Bo, vos collègues. « En vous le dénonçant nous faisons notre devoir, nous sommes assurés que vous ferez le vôtre, et que le marais ne s’enrichira pas d’un nouvel individu. » N° 57. Adresse de la Société populaire et républicaine de Septfonts, district de Montauban, dépar¬ tement du Lot, aux citoyens représentants (1). « Citoyens législateurs, « La Société populaire et républicaine de Septfonts admire tous les jours dans l’ivresse de l’enthousiasme la profonde sagesse de vos lois. Quel tribut d’éloges ne mérite point cette ardeur que vous déployez pour la félicité publique ! les combats opiniâtres que vous avez soutenus contre les reptiles immondes de l’in¬ fernal et abominable marais nous ont fait gémir plus d’une fois; nous redoutions les sifflements astucieux des horribles serpents qui vous environnaient; mais un éclat de pierre qui s’est détaché de la Montagne sainte que vous habitez a écrasé leur tête, et la victoire a couronné vos efforts magnanimes. Depuis ce jour à jamais mémorable, les transports d’une vive allégresse ont succédé aux tristes accents de la douleur et de la crainte. Vous avez saisi d’une main hardie le gouvernail du vaisseau qui allait s’engloutir; aujourd’hui, il vogue avec majesté; couvert de votre égide, il triomphera de tous les écueils. « Continuez donc, généreux pilotes, à le con¬ duire. Hélas ! si vous l’abandonnez, il ferait bientôt un affreux naufrage. Exécutez le noble projet que vous avez formé d’attaquer Car¬ thage même, vous trouverez de nouveaux Sci-pions qui détruiront les murs orgueilleux de cette odieuse rivale qui nous menace de nous imposer le joug des esclaves. Il est temps d’enchaîner Pitt, l’infâme Pitt, ce féroce léopard qui est l’artisan de tous nos malheurs. Elevé à l’école de Sylla et de Marius, il voudrait comme ces monstres ne faire de la France qu’un vaste et lugubre tombeau. Vous avez posé la pierre fondamentale de notre édifice politique, vous seuls pouvez lui donner son dernier degré de perfection. Les difficultés et les orages même ne doivent point abattre les fondateurs d’une République; jusqu’ici vous avez enfanté des prodiges, et vous ferez croître les fleurs et les fruits au milieu des ronces et des épines. Soyez donc inébranlables au poste sacré où la confiance publique vous a élevés. Donnez-nous des lois civiles et morales, anéantissez l’anar¬ chie, fixez parmi nous les douceurs de l’har¬ monie, purgez le sol sacré de la France de cette horde de barbares qui nous inondent, et après que vous aurez consommé ces héroïques tra¬ vaux, nous vous rappellerons dans notre sein avec la plus vive tendresse, nous prodiguerons les effusions de la reconnaissance la plus animée, [l] Archives nationales , carton C 281, dossier 779.