SÉANCE DU 14 PRAIRIAL AN II (2 JUIN 1794) - Nos 59 ET 60 241 perdre la France, en perdant le comité de salut public. Soyez sûrs, législateurs, de la confiance de toute la France. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Nevers, 7 prair. II] (2). « Représentais du peuple français, Le tribunal du district de Nevers qui, dans toutes les circonstances orageuses s’est empressé de manifester ses opinions politiques à la Convention nationale, et de lui réitérer son attachement, ainsi que sa soumission à la loi et au gouvernement révolutionnaire, vient d’apprendre avec indignation l’attentat horrible commis sur un de vos membres, et médité contre un autre, qui tous deux n’ont cessé de donner des preuves éclatantes de leur amour pour la liberté, et de leur dévouement à la cause du peuple; il porte dans votre sein le premier élan de sa douleur, vient la confondre avec la vôtre et jure de poursuivre sans relâche tous les ennemis de la révolution, quelque masque qu’ils empruntent, et de servir de bouclier à la représentation nationale. Citoyens représentans, au moment où nous croyions toutes les factions abattues, et tous leurs chefs punis, nous voyons encore une tête de cette hydre se lever avec la rage du désespoir, et aller jusque dans le sanctuaire des lois chercher des victimes à sa fureur, heureusement impuissante, mais la liberté triomphera de tous les crimes et de tous les genres de malveillance. Qui ne verrait pas aujourd’hui dans le complot tramé contre le Comité de salut public, l’intention ouverte de perdre la France, Représentans du peuple, le dernier coup va investir, plus que jamais, s’il était possible, la Convention nationale et le Comité de salut public, de la confiance justement méritée de la nation entière. Vive la République une et indivisible, Vive la Convention nationale ». Daniours ( présid .), Bourg, Cassard, Arnaud, Vernier, Pauper. 59 La commune du Gua, département de la Charente-Inférieure, vient de faire partir un cavalier armé et équipé à ses frais; elle a fait don, il y a environ deux mois, de 168 chemises, 36 paires de guêtres, 6 pantalons et 6 gilets de calmouck, 20 paires de souliers, 1 sac de peau, 6 paires de bas, 2 mouchoirs, 2 nappes, 1 drap, 1 bonnet, 1 habit complet, 2 vestes et 2 culottes d’ordonnance et 42 sacs à grains, et enfin 200 livres de cuivre et mitraille, et beaucoup de charpie. Le département doit armer un vaisseau : tous les citoyens de cette commune se sont empressés de souscrire pour y contribuer chacun selon ses moyens. Mention honorable, insertion au bulletin (3) . (1) P.V., XXXVIIII, 292. B1", 15 prair. ; M.U., XL, 234. (2) C 305, pl. 1146, p. 8 à 10. (3) P.V., XXXVin, 292. B‘n, 19 flor. (suppP). [Le Gua , 30 flor. II] (1). « Législateurs, La commune du Gua, district de Marennes, vient d’armer et équiper un cavalier Jacobin; déjà il est parti pour l’armée. Il y a deux mois cette commune a fait don aux défenseurs de la patrie de 168 chemises, 36 paires de guêtres, 6 pantalons et 6 gilets de calmoux, 20 paires de souliers, 1 sac de peau, 6 paires de bas, 2 mouchoirs de poche, 2 nappes, un drap de lit, un bonnet, un habit complet et 2 vestes et 2 culottes d’ordonnance. La patrie a eu besoin de sacs à grain, il en a été requis 42 dans cette commune pour Rochefort et vous ont été portés en don, de même que 200 livres de cuivre, mitrailles et quantité de charpie que nos citoyennes se sont empressées de faire. Citoyens législateurs, ce fut après la remise de tous ces dons que les républicains de cette commune formèrent le généreux projet d’armer et équiper le cavalier que nous venons de faire partir; il n’est pas jusqu’au plus pauvre qui h’ait donné dix sols. Législateurs, le département arme un vaisseau à ses frais; tous les républicains sont appelés par ses administrateurs à y concourir de tous leurs moyens; la commune du Gua a de suite ouvert une souscription, et plusieurs membres de la société populaire ont souscrit. Nous assurons à la Convention nationale que nos concitoyens donneront dans cette occasion de nouvelles preuves de leur amour pour la chose publique. Ah qu’il est doux pour des magistrats du peuple d’avoir à lui rendre compte de si belles actions de ses concitoyens. S. et Respect à la représentation nationale ». Chastang (maire), Fleuret, Botton, Jamoy ( notable ) . 60 Les maires et officiers municipaux de Marignane, département des Bouches-du-Rhône, instruisent la Convention nationale qu’ils viennent d’envoyer à la monnoie de Marseille le restant de l’argenterie de leur ci-devant paroisse, consistant en 51 marcs 7 onces. Puisse cette argenterie, convertie en numéraire, servir à anéantir les tyrans et les conspirateurs. Mention honorable, insertion au bulletin (2) . [ Marignane , s.d.] (3). « Citoyens législateurs, Nous nous empressons de vous apprendre que nous avons déposé à la monnaie de Marseille le restant de l’argenterie de la ci-devant paroisse de cette commune, consistant en une grande croix plaquée en argent, une autre plus petite plaquée de métal, 3 calices et leurs patènes, 2 ciboires, un porte reliques, 3 boites dont une ayant servi aux huiles, et 2 soleils, (1) C 305, pl. 1137, p. 1. (2) P.V., XXXVIII, 292. Bln, 15 prair. (suppl‘) et 19 prair. (suppl‘); J. Sablier, n° 1356. (3) C 305, pl. 1137, p. 2. 16 SÉANCE DU 14 PRAIRIAL AN II (2 JUIN 1794) - Nos 59 ET 60 241 perdre la France, en perdant le comité de salut public. Soyez sûrs, législateurs, de la confiance de toute la France. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Nevers, 7 prair. II] (2). « Représentais du peuple français, Le tribunal du district de Nevers qui, dans toutes les circonstances orageuses s’est empressé de manifester ses opinions politiques à la Convention nationale, et de lui réitérer son attachement, ainsi que sa soumission à la loi et au gouvernement révolutionnaire, vient d’apprendre avec indignation l’attentat horrible commis sur un de vos membres, et médité contre un autre, qui tous deux n’ont cessé de donner des preuves éclatantes de leur amour pour la liberté, et de leur dévouement à la cause du peuple; il porte dans votre sein le premier élan de sa douleur, vient la confondre avec la vôtre et jure de poursuivre sans relâche tous les ennemis de la révolution, quelque masque qu’ils empruntent, et de servir de bouclier à la représentation nationale. Citoyens représentans, au moment où nous croyions toutes les factions abattues, et tous leurs chefs punis, nous voyons encore une tête de cette hydre se lever avec la rage du désespoir, et aller jusque dans le sanctuaire des lois chercher des victimes à sa fureur, heureusement impuissante, mais la liberté triomphera de tous les crimes et de tous les genres de malveillance. Qui ne verrait pas aujourd’hui dans le complot tramé contre le Comité de salut public, l’intention ouverte de perdre la France, Représentans du peuple, le dernier coup va investir, plus que jamais, s’il était possible, la Convention nationale et le Comité de salut public, de la confiance justement méritée de la nation entière. Vive la République une et indivisible, Vive la Convention nationale ». Daniours ( présid .), Bourg, Cassard, Arnaud, Vernier, Pauper. 59 La commune du Gua, département de la Charente-Inférieure, vient de faire partir un cavalier armé et équipé à ses frais; elle a fait don, il y a environ deux mois, de 168 chemises, 36 paires de guêtres, 6 pantalons et 6 gilets de calmouck, 20 paires de souliers, 1 sac de peau, 6 paires de bas, 2 mouchoirs, 2 nappes, 1 drap, 1 bonnet, 1 habit complet, 2 vestes et 2 culottes d’ordonnance et 42 sacs à grains, et enfin 200 livres de cuivre et mitraille, et beaucoup de charpie. Le département doit armer un vaisseau : tous les citoyens de cette commune se sont empressés de souscrire pour y contribuer chacun selon ses moyens. Mention honorable, insertion au bulletin (3) . (1) P.V., XXXVIIII, 292. B1", 15 prair. ; M.U., XL, 234. (2) C 305, pl. 1146, p. 8 à 10. (3) P.V., XXXVin, 292. B‘n, 19 flor. (suppP). [Le Gua , 30 flor. II] (1). « Législateurs, La commune du Gua, district de Marennes, vient d’armer et équiper un cavalier Jacobin; déjà il est parti pour l’armée. Il y a deux mois cette commune a fait don aux défenseurs de la patrie de 168 chemises, 36 paires de guêtres, 6 pantalons et 6 gilets de calmoux, 20 paires de souliers, 1 sac de peau, 6 paires de bas, 2 mouchoirs de poche, 2 nappes, un drap de lit, un bonnet, un habit complet et 2 vestes et 2 culottes d’ordonnance. La patrie a eu besoin de sacs à grain, il en a été requis 42 dans cette commune pour Rochefort et vous ont été portés en don, de même que 200 livres de cuivre, mitrailles et quantité de charpie que nos citoyennes se sont empressées de faire. Citoyens législateurs, ce fut après la remise de tous ces dons que les républicains de cette commune formèrent le généreux projet d’armer et équiper le cavalier que nous venons de faire partir; il n’est pas jusqu’au plus pauvre qui h’ait donné dix sols. Législateurs, le département arme un vaisseau à ses frais; tous les républicains sont appelés par ses administrateurs à y concourir de tous leurs moyens; la commune du Gua a de suite ouvert une souscription, et plusieurs membres de la société populaire ont souscrit. Nous assurons à la Convention nationale que nos concitoyens donneront dans cette occasion de nouvelles preuves de leur amour pour la chose publique. Ah qu’il est doux pour des magistrats du peuple d’avoir à lui rendre compte de si belles actions de ses concitoyens. S. et Respect à la représentation nationale ». Chastang (maire), Fleuret, Botton, Jamoy ( notable ) . 60 Les maires et officiers municipaux de Marignane, département des Bouches-du-Rhône, instruisent la Convention nationale qu’ils viennent d’envoyer à la monnoie de Marseille le restant de l’argenterie de leur ci-devant paroisse, consistant en 51 marcs 7 onces. Puisse cette argenterie, convertie en numéraire, servir à anéantir les tyrans et les conspirateurs. Mention honorable, insertion au bulletin (2) . [ Marignane , s.d.] (3). « Citoyens législateurs, Nous nous empressons de vous apprendre que nous avons déposé à la monnaie de Marseille le restant de l’argenterie de la ci-devant paroisse de cette commune, consistant en une grande croix plaquée en argent, une autre plus petite plaquée de métal, 3 calices et leurs patènes, 2 ciboires, un porte reliques, 3 boites dont une ayant servi aux huiles, et 2 soleils, (1) C 305, pl. 1137, p. 1. (2) P.V., XXXVIII, 292. Bln, 15 prair. (suppl‘) et 19 prair. (suppl‘); J. Sablier, n° 1356. (3) C 305, pl. 1137, p. 2. 16 242 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE le tout pesant, d’après le certificat de réception du directeur de la même monnaie, 51 marcs 7 onces. Nous désirons que cette argenterie convertie en numéraire, concoure à faciliter les moyens que vous employez sans cesse, dans votre sollicitude paternelle pour écraser et anéantir entièrement les tyrans et les conspirateurs dont vous avez jusqu’à aujourd’hui déjoué les projets liberticides et sanguinaires. Tel est aussi le vœu de tous nos concitoyens. Continuez, Législateurs, à veiller sur les traîtres et la République sera sauvée lorsque vous en aurez totalement purgé son sol ». Boyer (maire), Nicolas, Ginier, Blanc, Deleuil, Verand. 61 Les membres de la société populaire de Bar-sur-Ornain (1) écrivent à la Convention qu’ils la prient de jeter un regard sévère, non sur l’organisation du juré, mais sur ceux qui doivent le composer : ils sont les juges souverains de la vie de leurs frères; ils doivent être aussi purs que les fonctions qu’ils remplissent sont importantes. Nous vous demandons, représentans, de décréter qu’aucun citoyen ne sera admis désormais à remplir ces fonctions, qu’il ne produise au tribunal un certificat de civisme conforme aux lois, et que, dans les communes où il y aura des sociétés populaires épurées et affiliées à celle de Paris, ils seront choisis de préférence dans le sein de ces sociétés. Vous venez de le décréter pour les arbitres, pour les défenseurs officieux dont la mission est moins intéressante; hâtez-vous de prononcer, et vous aurez encore une fois sauvé la patrie et bien mérité d’elle. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de salut public (2) . 62 La même société de Bar-sur-Ornain félicite la Convention sur la proclamation qu’elle a faite de l’existence de l’Etre-Suprême et de l’immortalité de l’âme; ce qui fixe, dit-elle, les bases immuables de notre bonheur : mais l’opinion salutaire de l’immortalité de l’âme ne peut-elle pas ressusciter l’empire affreux du sacerdoce, et retirer de sa tombe ensanglantée le monstre hideux du fanatisme ? Loin de nous cette crainte insidieuse : le règne des prêtres est passée comme celui des tyrans; leurs propres crimes ont brisé leurs idoles, et la vertu du peuple, éclairée par celle de ses représentans, ne permettra pas à la superstition de les rétablir. Eh ! quel besoin aurions-nous jamais de prêtres ? L’homme libre veut exercer tous ses droits et remplir tous ses devoirs, sans passer jamais par l’intermédiaire des scélérats qui font horreur à la divinité. Restez fermes à votre poste, législateurs, et (1) Meuse. (2) P.V., XXXVIII, 292. continuez à verser sur le peuple la coupe du bonheur. Le décret qui abolit la mendicité est un nouveau témoignage du dévouement que vous avez pour lui, atteste à l’univers que le peuple français veut être vertueux et bon, honore l’humanité, justifie notre espoir, et vous assure la reconnoissance de la postérité. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Bar-sur-Ornain, s. d.] (2). « Citoyens représentans, En donnant un soutien à la morale publique, un gage certain à la vertu en reconnaissant l’existence de l’Etre Suprême, vous avez proclamé le langage de toute la nature, exprimé les sentimens de tous les peuples et donné aux droits de l’homme leur véritable sanction. Quel effroi ne doit-elle pas inspirer aux despotes, cette Convention tant de fois calomniée, lorsque montrant à l’univers la tête du dernier de nos tyrans, elle ose annoncer Dieu à l’orgueilleux athée, et l’humanité au superstitieux intolérant. Proclamons ces vérités consolantes dont la nature fait un besoin à tous les cœurs : être juste, loin des regards de l’homme, pratiquer la vertu entre son Dieu et sa conscience, c’est brûler le seul vaisseau qui pouvait nous ramener vers la tyrannie. Dignes amis du peuple que vous représentez, c’est en élevant le cœur de l’homme vers l’auteur de la nature, c’est en agrandissant son âme par l’idée sublime de l’immortalité que vous avez irrévocablement fixé ces bases immuables de notre bonheur, assuré le triomphe de la liberté et la honte des despotes. En vain vous opposiez aux efforts de l’Europe étonnée un peuple de héros armés pour la défense de ses droits, si votre prévoyante sagesse n’eut déjoué les complots de quelques hommes profondément hypocrites, la France rentrait par l’avilissement de l’immortalité dans le néant du despotisme. L’opinion salutaire de l’immortalité ne peut elle pas ressusciter l’empire affreux du sacerdoce et retirer de la tombe ensanglantée ce monstre hideux du fanatisme ? Loin de nous cette crainte insidieuse, le règne des prêtres est passé comme celui des tyrans, leurs propres crimes ont brisé leur idole, et la vertu du peuple éclairée par celle de ses représentans, ne permettra pas à la superstition de les rétablir. Eh ! quel besoin aurions-nous jamais de prêtres ! l’homme libre veut exercer tous ses droits et remplir tous ses devoirs; quel français voudra se dispenser d’offrir par lui-même à un dieu juste et bienfaisant, l’hommage d’un cœur pur, les élans d’un homme vertueux ? nous remplacerons les maximes superstitieuses des prêtres par l’étude de nos devoirs, leur insolence par la fierté républicaine et leur despotisme par la sainte égalité. Les républicains français savent tous qu’ils n’ont besoin que de sages législateurs et de magistrats vertueux vous resterez donc, vous les amis du peuple, vous resterez fermes au poste que sa confiance et vos vertus vous ont acquis; vous continuerez à verser sur lui la coupe du bonheur que l’auteur de la nature, lui (1) P.V., XXXVm, 292. B<n, 15 prair. (2) C 306, pl. 1159, p. 40. 242 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE le tout pesant, d’après le certificat de réception du directeur de la même monnaie, 51 marcs 7 onces. Nous désirons que cette argenterie convertie en numéraire, concoure à faciliter les moyens que vous employez sans cesse, dans votre sollicitude paternelle pour écraser et anéantir entièrement les tyrans et les conspirateurs dont vous avez jusqu’à aujourd’hui déjoué les projets liberticides et sanguinaires. Tel est aussi le vœu de tous nos concitoyens. Continuez, Législateurs, à veiller sur les traîtres et la République sera sauvée lorsque vous en aurez totalement purgé son sol ». Boyer (maire), Nicolas, Ginier, Blanc, Deleuil, Verand. 61 Les membres de la société populaire de Bar-sur-Ornain (1) écrivent à la Convention qu’ils la prient de jeter un regard sévère, non sur l’organisation du juré, mais sur ceux qui doivent le composer : ils sont les juges souverains de la vie de leurs frères; ils doivent être aussi purs que les fonctions qu’ils remplissent sont importantes. Nous vous demandons, représentans, de décréter qu’aucun citoyen ne sera admis désormais à remplir ces fonctions, qu’il ne produise au tribunal un certificat de civisme conforme aux lois, et que, dans les communes où il y aura des sociétés populaires épurées et affiliées à celle de Paris, ils seront choisis de préférence dans le sein de ces sociétés. Vous venez de le décréter pour les arbitres, pour les défenseurs officieux dont la mission est moins intéressante; hâtez-vous de prononcer, et vous aurez encore une fois sauvé la patrie et bien mérité d’elle. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de salut public (2) . 62 La même société de Bar-sur-Ornain félicite la Convention sur la proclamation qu’elle a faite de l’existence de l’Etre-Suprême et de l’immortalité de l’âme; ce qui fixe, dit-elle, les bases immuables de notre bonheur : mais l’opinion salutaire de l’immortalité de l’âme ne peut-elle pas ressusciter l’empire affreux du sacerdoce, et retirer de sa tombe ensanglantée le monstre hideux du fanatisme ? Loin de nous cette crainte insidieuse : le règne des prêtres est passée comme celui des tyrans; leurs propres crimes ont brisé leurs idoles, et la vertu du peuple, éclairée par celle de ses représentans, ne permettra pas à la superstition de les rétablir. Eh ! quel besoin aurions-nous jamais de prêtres ? L’homme libre veut exercer tous ses droits et remplir tous ses devoirs, sans passer jamais par l’intermédiaire des scélérats qui font horreur à la divinité. Restez fermes à votre poste, législateurs, et (1) Meuse. (2) P.V., XXXVIII, 292. continuez à verser sur le peuple la coupe du bonheur. Le décret qui abolit la mendicité est un nouveau témoignage du dévouement que vous avez pour lui, atteste à l’univers que le peuple français veut être vertueux et bon, honore l’humanité, justifie notre espoir, et vous assure la reconnoissance de la postérité. Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Bar-sur-Ornain, s. d.] (2). « Citoyens représentans, En donnant un soutien à la morale publique, un gage certain à la vertu en reconnaissant l’existence de l’Etre Suprême, vous avez proclamé le langage de toute la nature, exprimé les sentimens de tous les peuples et donné aux droits de l’homme leur véritable sanction. Quel effroi ne doit-elle pas inspirer aux despotes, cette Convention tant de fois calomniée, lorsque montrant à l’univers la tête du dernier de nos tyrans, elle ose annoncer Dieu à l’orgueilleux athée, et l’humanité au superstitieux intolérant. Proclamons ces vérités consolantes dont la nature fait un besoin à tous les cœurs : être juste, loin des regards de l’homme, pratiquer la vertu entre son Dieu et sa conscience, c’est brûler le seul vaisseau qui pouvait nous ramener vers la tyrannie. Dignes amis du peuple que vous représentez, c’est en élevant le cœur de l’homme vers l’auteur de la nature, c’est en agrandissant son âme par l’idée sublime de l’immortalité que vous avez irrévocablement fixé ces bases immuables de notre bonheur, assuré le triomphe de la liberté et la honte des despotes. En vain vous opposiez aux efforts de l’Europe étonnée un peuple de héros armés pour la défense de ses droits, si votre prévoyante sagesse n’eut déjoué les complots de quelques hommes profondément hypocrites, la France rentrait par l’avilissement de l’immortalité dans le néant du despotisme. L’opinion salutaire de l’immortalité ne peut elle pas ressusciter l’empire affreux du sacerdoce et retirer de la tombe ensanglantée ce monstre hideux du fanatisme ? Loin de nous cette crainte insidieuse, le règne des prêtres est passé comme celui des tyrans, leurs propres crimes ont brisé leur idole, et la vertu du peuple éclairée par celle de ses représentans, ne permettra pas à la superstition de les rétablir. Eh ! quel besoin aurions-nous jamais de prêtres ! l’homme libre veut exercer tous ses droits et remplir tous ses devoirs; quel français voudra se dispenser d’offrir par lui-même à un dieu juste et bienfaisant, l’hommage d’un cœur pur, les élans d’un homme vertueux ? nous remplacerons les maximes superstitieuses des prêtres par l’étude de nos devoirs, leur insolence par la fierté républicaine et leur despotisme par la sainte égalité. Les républicains français savent tous qu’ils n’ont besoin que de sages législateurs et de magistrats vertueux vous resterez donc, vous les amis du peuple, vous resterez fermes au poste que sa confiance et vos vertus vous ont acquis; vous continuerez à verser sur lui la coupe du bonheur que l’auteur de la nature, lui (1) P.V., XXXVm, 292. B<n, 15 prair. (2) C 306, pl. 1159, p. 40.